CHAPITRE 87 : Retour sur le fort.

CHAPITRE 87 : Retour sur le fort.

Prune-Tzali décida de piquer vers le nord, histoire de gagner du temps et de ne pas passer deux fois au même endroit. Elle profita des courants océaniques pour se laisser porter sans trop se fatiguer, et arriva dans les zones septentrionales de l’Océan Atlantique.

Des lueurs vertes, bleutées, violettes, turquoises, mauves, virant du rose au jaune en passant par l’orangé… Prune-Tzali fit la planche et observa en toute tranquillité l’aurore boréale qui s’offrait à ses yeux.

« Les Ouvaga appellent l’aurore boréale “Zlaameïlyi”, tempête de lumière. Pour les peuples du Grand Nord, ce sont les esprits qui dansent… Les esprits ont toujours un message à faire passer », se dit Prune-Tzali, qui contempla ces jeux et tourbillons lumineux avec une attention accrue.

Une petite lumière mauve semblait attaquée de toute part ; ensuite elle développa un long bras bleu et repoussa l’attaque…

« Tiens, ça me fait penser au moment où j’ai pris ma véritable apparence pour la première fois, à Malditta. »

Un nouvel assaut : la petite lumière mauve au bras bleu développa un deuxième bras, aux couleurs chaudes, cette fois-ci.

« Et là, je me revois lorsque j’ai descellé mes apparences de feu. »

Encore une attaque : la petite lumière mauve aux deux bras fit jaillir quatre autres membres, chacun d’une couleur différente.

« C’est marrant, on dirait les pétales de la Fleur, comme ça… Mais aussi les six guerriers, et aussi les six vers du poème… »

La petite lumière mauve se mit à tourner sur elle-même, ses longs bras volant et s’entremêlant gracieusement tout en dégageant une force immense.

De nouveau, la lumière mauve fut assaillie. Cette fois, le combat semblait beaucoup plus engagé et beaucoup plus violent. L’affrontement était grandiose, merveilleux, spectaculaire, avec des danses de lumières multicolores de tout côté. Soudain, l’entrechoc explosa : un spectre de lumière fonça vers le sol, l’autre s’éleva dans les airs à la même vitesse, puis plus rien.

« Ça veut dire quoi, cette fin bizarre ? » dit Prune-Tzali à haute voix.

Elle resta ainsi quelques instants en planche à réfléchir en fixant le ciel étoilé, soucieuse de comprendre ce message des esprits…

« Oh, et puis c’est juste un phénomène physique ! » conclut-elle avant de se remettre en route.

Pourtant, alors qu’elle nageait le plus vite possible entre deux eaux, elle ne pouvait s’empêcher de repenser au spectacle de l’aurore boréale et aux échos lumineux que celle-ci avait avec sa propre histoire.

Bientôt, la plate-forme des Hauts-Bas fut en vue, éclairée par les premières lueurs de l’aube. Une immense masse sombre s’agitait dans le camp de Morgaéus.

« Cela ne laisse envisager rien de bon, ça, murmura un petit poisson à l’oreille de Prune-Tzali.

‒ Tu sais ce que c’est ?

‒ Non, mais ça me fait peur !

‒ Dans ce cas ne reste pas là. Fais passer le message à tous les habitants du coin : mettez-vous à l’abri. Le combat risque d’être rude, aujourd’hui. »

Fin de la seizième partie.