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La Fleur d'Ecume
19 août 2014

CHAPITRE 86 : à Volista.

CHAPITRE 86 : à Volista.

 

Prune-Tzali fut surprise de constater qu’à Volista, il ne faisait pas nuit ; le soleil brillait même très haut dans le ciel. Sur le rivage se tenait la Volitséenne qui l’avait accueillie la dernière fois, les yeux rivés sur l’eau.

« Eh, salut ! Je dois absolument vérifier quelque chose en toute urgence ! déclara Prune-Tzali. »

La jeune femme ne répondit pas.

« Ohoh, tu m’entends ? Je dois aller au palais dans la salle des Pierres, question de vie ou de mort ! »

Aucune parole, aucun mouvement.

« C’est bizarre… » se dit Prune-Tzali.

Elle s’approcha de la Volitséenne et l’examina de plus près : elle semblait figée ; sa peau était froide, ses cheveux immobiles malgré la brise.

Des chants retentirent plus loin. Prune-Tzali se dirigea vers eux, et, stupéfaite, découvrit les statues désormais animées, attablées, en plein banquet médiéval, enchaînant plats, boissons, chansons à boire, de marins et de pirates. Cochon de lait, hypocras et gâteaux pommes-miel-cannelle eurent raison de l’empressement de la jeune fille à se rendre au palais. Après avoir convenablement festoyé, elle se leva enfin et reprit sa quête.

En passant à côté de la fontaine de Lavritsa et de Noromki, elle constata que l’eau couleur de sang ne coulait plus vers le bas, mais vers le haut. Elle entendit aussi les voix de Noromki et de Lavritsa. Cette dernière murmurait, d’une voix douce et paisible :

« Enfin la nuit, Noromki. Nous revivons et nous nous retrouvons.

‒ Vivante et entière, Lavritsa… Que fut horrible la dernière vision que j’eus de toi dans l’autre monde ! Si horrible que… Je…

‒ Je sais… Regrettes-tu ce que tu as fait ?

‒ Envers ceux-là mêmes qui t’avaient tuée ? Jamais je ne regretterai quoi que ce soit ! Mais pour les autres… Leurs cris et leurs regards me hantent chaque jour… Je me revois les tuer… J’ai mal à la tête, mes yeux me brûlent… Pourquoi me n’en suis-je pas tenu à ceux qui t’ont tuée ?

‒ Ça s’appelle la vengeance, intervint alors Prune-Tzali ; tu étais aveuglé par la douleur d’avoir perdu Lavritsa, et tu as laissé la vengeance s’emparer de toi. Seulement, la vengeance est toujours venimeuse, parfois perfide. Elle ne doit en aucun cas t’accompagner sur le long terme, car c’est là que se produisent des actes que tu peux regretter par la suite. C’est pour cela que si on choisit de se laisser accompagner par la vengeance, il faut absolument lui énoncer clairement ce que l’ont veut, dresser une liste noire, par exemple, et surtout, il faut savoir la mettre à la porte dès que le dernier nom de cette liste noire a été rayé. Sinon, on rejoint la cohorte de tous ceux qui ont mal tourné… Comme tous ceux qui se sont retrouvés dans un caisson au laboratoire…

‒ C’est toi, qui es venue près de la fontaine, l’autre fois. Tu es... Tzali-Sméruga…

‒ Oui… C’est ce que je suis en train de devenir, confirma Prune-Tzali. »

Sur ces mots, elle pensa qu’il était vraiment temps d’aller au palais, et reprit sa route. Il y avait eu dans les yeux de Lavritsa et de Noromki une étrange lueur lorsque le nom “Tzali-Sméruga” avait été prononcé. Une lueur d’admiration… Dans tous les sens du terme… Mais elle n’avait pas le temps de s’attarder sur ce point.

Dans le palais, alors que le roi et tous les autres êtres vivants étaient figés, les statues donnaient une somptueuse fête. Prune-Tzali traversa chants, danses, plateaux de mézès et verres d’ouzo -sans oublier de se servir au passage, bien sûr : il aurait été impoli de refuser - et trouva le passage vers la salle des pierres. Elle descendit, ouvrit la porte, et là…

Stupeur ! Toutes les pierres étaient éteintes ! Y avait-il eu une attaque en son absence ? Une attaque si violente qu’aucun être féérique n’en aurait réchappé ? Son cœur se mit à battre plus vite, ses poings se fermèrent, sa respiration se fit plus forte, puis elle réfléchit. C’était la nuit volitséenne : tout y était inversé. Donc, si toutes les pierres étaient éteintes lors de l’inversion, cela voulait dire qu’en réalité, elles étaient bien lumineuses : tout allait donc bien, Morgane n’était pas devenue zombie.

Prune-Tzali sortit en avec hâte, gagna le rivage et plongea.

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  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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