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La Fleur d'Ecume
27 décembre 2013

CHAPITRE 79 : Une seule alternative.

CHAPITRE 79 : Une seule alternative.

 

Aurélien ! hurla Prune-Tzali.

La jeune fille se précipita vers le blessé, s’assit à ses côtés. Des wargs baveux, des orcs rugissants, des zetsus au sourire cruel, des zombies gémissants s’approchaient d’eux.

« Aurélien, bouge-toi, on  va se faire encercler ! »

Le jeune homme demeurait inerte. Prune-Tzali brandit son couteau en grognant, toutes dents montrées ; elle commencerait par cracher du feu tout autour d’eux, et aviserait ensuite… Une silhouette se dressa devant elle, des parois de verre jaillirent du sol, et un ricanement agaçant retentit.

« Bravo, soldat ; tu as réussi à la prendre au piège.

‒ Morgaéus ! gronda Prune-Tzali, je vais te réduire en charpies !

‒ Tu es plutôt en mauvaise posture, on dirait… Grâce à mon principal agent, que j’ai dû malheureusement sacrifier, mais l’essentiel est que tu sois maintenant sur le point de tomber en mon pouvoir.

‒ Ton principal agent ?

‒ Oui, ce jeune humain dont tu t’es entichée… Une belle idée, issue du cerveau d’Asavelg, certes, mais une belle idée quand même.

‒ Non. Non, Aurélien n’a rien à voir avec tout ça, il vient de l’autre côté des Grandes Brumes, et...

‒ C’est ce qu’il t’a raconté, mais...

‒ C’est impossible… Il n’est pas des tiens, il ne peut pas être de ton côté !

‒ En es-tu bien sûre ?

‒ Bien évidemment, que j’en suis sûre ! »

Et pourtant… Une désagréable impression, sournoise, insidieuse, venait de germer quelque part dans la tête de Prune-Tzali. Et si Morgaéus disait vrai ? Non, c’était simplement une ruse destinée à la déstabiliser... Mais quand même ? Non, cet homme n’était qu’un infâme imposteur, menteur et manipulateur… Protégeait-elle un ennemi, un agent infiltré ? Tout cet amour n’avait-il été qu’une vaste mascarade, une gigantesque duperie pour la détourner de son but, pour la rendre plus vulnérable ? Elle regarda Aurélien, qui ne bougeait toujours pas, puis Morgaéus, puis de nouveau Aurélien… Des larmes perlèrent ; elle se frotta vivement les yeux pour ne pas les montrer à son ennemi. Ce dernier ricana encore une fois, lança “ éliminons d’abord les autres ; elle, son cas est réglé”, puis s’éloigna, emportant avec lui les autres assaillants. Les larmes se mirent à couler pour de bon.

« Je ne suis plus où j’en suis, pleura la jeune fille… J’ai besoin d’aide ! »

Une bulle d’une matière translucide indéterminée se forma tout autour d’elle et d’Aurélien. Elle se leva et en toucha les parois fluides et tièdes. Le bruit de la bataille s’estompa. Deux silhouettes se dessinèrent à l’intérieur de la bulle : Nami’ah et Soudba.

« Je ne me suis pas rendormie, déclara Nami’ah ; ce ne sera qu’à l’issue de cette guerre que je trouverai le repos. »

Les yeux inférieurs de Nami’ah étaient grand ouverts, mais les yeux supérieurs étaient toujours clos. Prune-Tzali devait-elle faire en sorte qu’ils s’ouvrissent ?

« Tu te poses énormément de question, et c’est normal, dit Soudba de sa voix flûtée.

‒ Oui… Aurélien est-il vraiment de mon côté ?

‒ Que te disent tes impressions ?

‒ Je ne sais plus vraiment, là…

‒ Que te dis ton cœur ?

‒ Mon cœur ? Je n’en ai plus depuis longtemps, de cœur.

‒ Alors que te disent les méandres de ton cerveau ?

‒ Qu’il est à moi… Avec moi… Ce n’est pas un soldat de Morgaéus.

‒ Exactement. Notre ennemi est très fort pour embrouiller les esprits et dresser les amis les uns contre les autres. Mais tu ne dois pas te laisser gagner par ses ignobles manœuvres. Quant à ton cœur, il est à l’état de sommeil, mais il est toujours bel et bien là. Et quand il se réveillera pleinement, nous te verrons enfin vraiment.

‒ Vous verrez Sméruga, donc… Je connais mon nom, figure-toi.

‒ Sméruga est la force pure, à l’état brut. C’est la force des éléments, par exemple. Une énergie si puissante qu’elle serait capable d’absorber plusieurs quasars en un rien de temps... Oui, nous verrons alors Sméruga… Enfin, “nous verrons” est une façon de parler...

‒ Pourquoi cela ?

‒ Sméruga est l’énergie dématérialisée ; nous ne pouvons en voir, en entendre, en ressentir que les effets. »

Prune-Tzali réfléchit. Elle posa les yeux sur Aurélien, qui remua légèrement. Comment avait-elle pu douter de lui ? Cette pensée la rassura, mais aussitôt quelque chose vint assombrir l’éclaircie.

« “Sméruga”… Est-ce juste un nom dont la signification est “puissante énergie qu’on ne peut pas voir, ni sentir, ni entendre”, ou bien… Est-ce mon destin ? »

Soudba prit un profonde inspiration, puis parla enfin.

« Connais-tu l’alternative, la seule alternative attachée à cette guerre ?

‒ Oui : je ratatine Morgaéus et ses abrutis de sbires et d’acolytes, ou alors je perds la face donc je me zigouille parce que je ne le supporterai pas !

‒ Ce n’est pas tout à fait cela… Soit tu te réalises en tant que Sméruga et deviens ainsi une force pure dématérialisée, soit tu perds tous tes pouvoirs et tu vis une existence à l’humaine. Tel est l’enjeu de ce combat. »

Prune-Tzali caressa machinalement sa bague.

« Oui, évidemment, cela anéantirait Morgaéus… Mais tout le reste, aussi. Les Cités de la Fleur seraient balayées, leurs habitants contraints de s’exiler au-delà du Monde, qui n’existerait d’ailleurs plus. »

La jeune fille ôta aussitôt les doigts de sa bague. Tout tourbillonnait dans sa tête. Se réaliser en tant que Sméruga était à la fois attrayant et effrayant ; toutefois elle ne voulait pas, ne pouvait pas perdre ses pouvoirs et devenir ainsi banalement humaine...

« Y a-t-il une issue plus favorable ? Une où bien sûr je gagnerais, mais où je n’irais pas jusqu’à devenir pleinement Sméruga tout en en ayant les caractéristiques ? »

Pas de réponse.

« Quoiqu’il en soit, reprit Prune-Tzali, je ne peux pas me permettre de perdre ce combat. Qu’importe ce qu’il arrivera et les conséquences que cela aura, mais je gagnerai car je dois gagner ! Je vais terrasser Morgaéus et toute sa clique, et l’on se souviendra de SMERUGA !!! »

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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