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La Fleur d'Ecume
18 janvier 2014

CHAPITRE 80 : le couronnement de Perle-de-Lune.

CHAPITRE 80 : le couronnement de Perle-de-Lune.

 

Ce dernier mot fut hurlé d’une voix rauque et décidée. La bulle, Nami’ah et Soudba disparurent. Tous les combattants se figèrent et se tournèrent vers le hurlement. Prune-Tzali sentit ses jambes s’allonger et devenir plus puissantes, ses bras et ses mains se renforcer, des ailes pousser dans son dos, ses cheveux et ses dents pousser, mais surtout quelque chose qui se mettait en route dans sa poitrine, comme une grosse machine de bateau ou d’usine… Son cœur… Elle respira profondément. Un sentiment de toute-puissance se répandait depuis ce cœur de nouveau en marche jusqu’au bout de ses doigts et de ses orteils, au bout de ses ailes et de ses cheveux, au bout de ses dents…

Une trompe sourde retentit, signalant la pause du combat. Tous les combattants furent transportés dans leur camp par un vent léger. La sensation était étrange, comme en apesanteur. Prune-Tzali agrippa Aurélien, qui se réveilla et murmura « c’est tripant, ce truc ! ».  Après ce chassé-croisé d’adversaires, un vent très fort se mit à balayer le champ de bataille, empêchant toute lutte. Prune-Tzali était quelque peu frustrée de ne pas pouvoir se battre tout de suite ; cependant cette trêve permettrait de faire le point et de reprendre des forces.

Le camp prunesque avait subi des pertes dans chacune de ses composantes. Les blessés non aquatiques - dont Aurélien - étaient acheminés vers de grands navires, les blessés aquatiques étaient transportés à l’abri au fond de l’océan ; on s’occupait des morts selon les rites de leur provenance. Ainsi, les Oluliens tombés au combat étaient emportés dans des flammes multicolores qui dansaient telles les lueurs d’une aurore...

Un grand émoi agitait les Céruléens : parmi les tués figuraient le roi et la reine !

Un long cortège se rendit au Palais Sous La Mer, suivant un requin-baleine sur lesquels avaient été posés les trépassés, Daurade-Rose et Samoa en tête ; cependant, au lieu d’aller tout droit dans le hall de la grande salle du palais, on tourna vers la droite. Prune-Tzali avait rejoint Perle-de-Lune et Rizalé en première place du cortège.

« C’est ici que sont déposés les morts, expliqua Rizalé. Ils sont protégés par une coupole, puis deviennent écume au bout d’une semaine. Des souvenirs d’eux sont conservés, sous forme de statuettes et d’inscription dans le Registre des personnes nées et disparues.

‒ Où est-ce ?

‒ Dans cette salle, là... »

Des posidonies géantes s’écartèrent et laissèrent voir une immense salle aux parois transparentes. De très hautes étagères portaient des milliards de statuettes, mémoires de tous les Céruléens, Sirènes, Tritons, Volitséens depuis les tout-premiers temps. La coupole, contiguë à la salle de verre, fut soulevée par une centaine de Tératouliens, les morts au combat furent placés sur un lit de roches blanches nues, un chant s’éleva, les porteurs sortirent, la coupole fut reposée. Le chant se poursuivit, de plus en plus fort, provoquant des bulles qui remontèrent vers la surface. Prune-Tzali posa ses mains contre la paroi de la coupole et gronda : « je vous vengerai ! ».

« Le trône ne doit pas rester vacant, intervint un conseiller. Il est temps de se rendre au Palais pour le couronnement de notre nouvelle reine, Perle-de-Lune. »

Les Céruléens se dirigèrent vers le Palais. Prune-Tzali s’attarda pour se calmer un peu avant le couronnement. Elle nagea tout autour de la salle de verre, et distingua entre les algues un mur très épais. « Tiens, qu’est-ce que c’est ? s’interrogea-t-elle à haute voix.

‒ C’est la salle des prophéties perdues, répondit une Volitséenne aux longs cheveux bleu foncé, elle jouxte celle des coquilles. Aucun être vivant ne peut y pénétrer. On l’appelle ainsi car c’est là que s’entassent les prophéties non réalisées.

‒ Et les prophéties réalisées, on les met où ?

‒ Elles n’ont nul besoin de salle, on les voit, tout simplement.

‒ Je sais qu’il y a une prophétie sur moi : elle fait partie de celles qui sont dans cette salle ou pas ?

‒ Nul ne le sait, nul ne peut le savoir.

‒ Suis-je en train de réaliser la prophétie ? Je me bats, là, ça se voit, non ?

‒ Nul ne pourra se prononcer sur le sujet avant la fin du combat.

‒ Je vois… Et il n’y aurait pas moyen de faire du spiritisme et d’envoyer un mort voir là-dedans ? Puisque aucun être vivant ne peut y pénétrer, peut-être qu’un fantôme ou un esprit le pourrait, je me trompe ?

‒ Il ne verrait pas plus, et serait prisonnier de la salle pour l’éternité.

‒ Oh, seulement 4,5 milliards d’années, vu que c’est ce qui reste à la Terre… Enfin, c’est vrai que ça peut faire long quand même… C’est quoi, cette allée avec les statues ?

‒ Là ? Ce sont les personnes qui se sont distinguées. Mais il faut y aller, maintenant : le couronnement aura lieu d’un instant à l’autre.

‒ J’y vais en passant par l’allée. »

Prune-Tzali se mit en route, et vit les statues de divers Céruléens, Sirènes, Tritons et Volistéens illustres, parfois accompagnés d’Humains et même d’Oluliens. Il y avait pour commencer la fameuse reine Corail et son fiancé humain, son frère Skwalis, la reine Tcharaku, tous les quatre entourés des six humains signataires du premier Pacte de la Fleur. Un tout petit peu plus loin se trouvaient Aurore-Lavritsa et Noromki. Elle passa devant plusieurs groupes de statues qu’elle ne connaissait pas, et arriva devant un ensemble représentant Ildika, les deux humains qui l’avaient aimée, Naoki et Téiki. En face se dressait un autre groupe de personnes avec au centre une jeune fille dont elle avait déjà entendu le nom : Tsytsivka, littéralement “le bruit de la mer sur les rochers”. Puis elle arriva devant Maori, Lehhti et Cyanéa. « Tiens, le sol bouge », remarqua-t-elle. En effet, tout le couloir où se situaient les statues glissa tel un tapis roulant. “Cela doit être pour faire de la place pour les nouvelles statues à ériger”, se dit-elle. Enfin, elle parvint au Palais.

Tout le monde était agglutiné dans la grande salle, contre les parois. Prune-Tzali se faufila pour rejoindre Rizalé, qui se tenait vers les deux trônes sur lesquels étaient disposés les couronnes de Daurade-Rose et de Samoa. Sur un coussin, au milieu des deux trônes, une nouvelle couronne attendait Perle-de-Lune. Cette dernière s’avança lentement depuis la grande porte à l’autre bout de la salle, dans un assourdissant silence. Quelques doux murmures se firent entendre au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Prune-Tzali constata que les couronnes étaient faites de la même matière que son pic à cheveux. Perle-de-Lune arriva devant le coussin, respira profondément, saisit délicatement la couronne, la tendit en direction des trônes, qui fusionnèrent sous des exclamations de surprises. Elle se tourna vers sa fille et Rizalé, chuchota « j’aurai besoin de vous pour me seconder », fit face à la foule de nouveau silencieuse, leur présenta sa couronne et s’en sertit la tête. Des acclamations retentirent pour saluer le début du règne de Perle-de-Lune.

« Bien. Il est temps de retourner nous battre, maintenant. »

FIN DE LA QUATORZIEME PARTIE.

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  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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