chapitre 5 : le château de Morgane.

Chapitre 5 : Le Château de Morgane.

Des cris joyeux, des rires entremêlés ; les enfants s’amusaient dans les hautes herbes du parc. Prune riait autant qu’eux, peut-être même davantage. Un peu de détente après les événements de la matinée lui faisait le plus grand bien. Noémie, Nino, Alexandre, Lucie et Julien l’avaient emmenée dans le bar de leurs grands-parents, les Labordage. Dans une arrière-salle, une petite table toute ronde décorée d’entrelacs les avait tous conduits dans le parc du Château de Morgane, au beau milieu de la grande forêt qui entourait Siudka et ses environs. Tout le monde racontait que le château portait ce nom parce que la fée Morgane elle-même y habitait. Légende ou réalité ? Personne ne le savait. Cependant, Prune et les enfants avaient leur petite idée sur la question. Assis en chenille sur une longue luge à herbe, ils glissaient, évitant les arbustes et les orties. Tout-à-coup, la longue natte de Noémie fit basculer les lunettes de Prune, qui se pencha pour les ramasser, et la luge chavira à gauche, sur un doux talus plein de mousse. S’ils étaient tombés de l’autre côté, ils se seraient retrouvés dans les douves. Tous le monde éclata de rire. A cet instant, un étrange photographe s’approcha. On ne savait pas comment il était arrivé là, puisque c’était presque impossible d’y accéder par la forêt. Et personne n’habitait le château…Toujours est-il que ce photographe bizarre héla les enfants.

_ Dites, une petite photo pour immortaliser cette journée, ça vous dit ?

_ Chouette ! s’exclamèrent Nino et Alexandre. Allez, tous autour de Prune ! »

Les enfants commençaient à se placer, mais le photographe vociféra.

« Non, ça n’ira pas, comme ça. Placez-vous plutôt par ordre de taille. Oui, ça ira mieux. Ce sera parfait. »

Un sourire se dessina entre ses deux oreilles. Prune était tout au bout du groupe, elle était petite, mais encore plus grande que ces gamins, bien que Julien soit presque aussi grand qu’elle. Le photographe saisit son appareil, le plaça sur un pied, ajusta l’objectif, et soudain, une pluie de balles fondit sur Prune, qui se coucha sur le côté. Touchée à l’épaule, elle cria aux enfants de rester où ils étaient, et essaya de rouler vers les douves. C’est alors qu’une femme étrange surgit de l’eau.

_Morgane ! s’écria Lucie.

La fée secoua ses cheveux châtain, et lança ce que Prune crut être un poignard vers la prétendu photographe, qui disparut aussitôt. L’objet se posa en douceur sur la blessure de Prune, qui se referma aussitôt. Ce n’était pas un poignard, mais une chose très bizarre, argentée et scintillante, qui virevolta un moment puis s’évapora.

_ Venez donc goûter pour vous remettre, dit Morgane.

Tous la suivirent sur un chemin qui longeait les douves en colimaçon. Ils frissonnaient. Prune était énervée : cette fois, on avait carrément essayé de la tuer !