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La Fleur d'Ecume
22 octobre 2006

chapitre 4 : dans l'immeuble de Muriel

Chapitre 4 : Dans l’immeuble de Muriel

Cet endroit du parc de la Molette était désert, comme d’habitude. Les personnes raisonnables n’étaient pas assez téméraires pour s’aventurer de l’autre côté des arbres d’argent. Avec précaution, Prune se glissa entre les branches des arbres, et se retrouva dans le jardin derrière l’immeuble où vivait la fille de la mère Labordage, au dixième étage. L’ascenseur montait lentement, cahotant, et s’arrêta dans un grand bruit de ferrailles rouillées devant la porte de chez Muriel. Prune n’eut même pas à sonner, Muriel savait déjà. Elle invita Prune à entrer et à s’asseoir à la table de la cuisine. Jamais Aruvah n’aurait l’idée de la chercher ici, elle en était sure.

 

Une table couverte de fromages et de desserts attendaient Prune. Les yeux pétillants, la jeune fille s’apprêtait à tout goûter, comme d’habitude. Mais à peine avait-elle mangé un peu de ricotta que la porte s’ouvrit violemment. Trois hommes, dont celui du milieu ressemblait à Michael Jackson (dans son look des années 90), se tenaient dans l’encadrement. Celui de gauche prit la parole : « voici le père d’Aruvah, lança-t-il d’une voix traînante. On doit t’amener à notre maître. Tu ne pourras pas t’enfuir, ce coup-ci, on bloque la porte ! »

 

Mais Prune avait eu l’habitude de passer par les fenêtres bien plus que par les portes pour sortir. Avec un grand sourire, elle sortit son fidèle couteau de plongée qui ne la quittait jamais, grimpa sur la table aux gâteaux, ouvrit la fenêtre, sur laquelle descendait la longue moustiquaire qui pendait depuis le toit de l’immeuble, jusqu’en bas. A l’aide de son couteau, elle s’agrippa à la moustiquaire et commença à descendre, malgré les craintes de Muriel et les menaces des autres.

Prune se laissa glisser, rapidement mais prudemment, mais un coup d’œil en bas l’avertit de la présence des sbires d’Aruvah en bas. Il fallait à tout prix rentrer dans l’immeuble par une autre fenêtre… Malheureusement, les deux fenêtres suivantes étaient fermées par des volets. La fenêtre d’après était ouverte, mais les serviteurs d’Aruvah étaient là ; l’un d’eux tendit les bras pour saisir Prune, qui fut assez svelte pour l’éviter. La descente se poursuivait. Encore des volets fermés. Enfin, une fenêtre sans volet se présenta. Les autres étaient fermées par des volets. C’était l’unique chance de Prune, même si la fenêtre n’était pas ouverte. Elle réussit à bloquer son couteau de plongée entre ses dents, et prit un élan, les deux pieds en avant. La fenêtre se fracassa, faisant sursauter les habitants de ce coin de l’immeuble, des personnes âgées bien tranquilles. Prune était arrivée dans la maison de retraite… Avec un sourire gêné, elle épousseta les débris de verre qui traînaient sur elle, et descendit l’escalier qui menait sur le hall. Là, elle fut heureuse de retrouver ses amis, Tiffany, Jean et Cyrielle. L’accoutrement de Jean la fit éclater de rire.

« _ Bah…c’est quoi, ça ? s’écria-t-elle.

_ C’est une idée de la mère Le Ny, répondit Jean en souriant, c’est une fête médiévale, donc nous, les archéo, on a dû s’habiller en médiéval… »

Jean rajusta son étrange galurin vert et rouge, et s’éloigna vers d’autres personnes habillées à la mode médiévale. Il portait des chaussures pointues rouges, des collants vert foncé, et une espèce de haut vert et rouge. Il avait l’air pas trop à l’aise dans cette tenue. La fête médiévale battait son plein ; des gens costumés (dont Jean), étaient occupés à transvaser des graines d’une espèce de grande trompe à une autre, chaque joueur tenant un de ces objets bizarres. Celui qui faisait tomber trop de graines était sorti du jeu. Une musique médiévale rythmait le tout. Très vite, Jean fit exprès de renverser presque toutes ses graines, et retourna discuter avec Tiffany, Prune et Cyrielle.

« La musique n’est pas très variée, dit-il.

_ Elle est pas là, Maé ? s’enquit Prune.

_ Non, elle bosse, répondit Jean un peu triste.

_ ça va ? demanda Tiffany.

_ Très bien, affirma Prune.

Tiffany et Jean poursuivirent la conversation qu’ils avaient entamée bien avant l’arrivée de Prune. Cyrielle regardait Prune, l’air soupçonneux.

_ Tu es sûre que ça va ? s’inquiéta-t-elle.

Prune ne pouvait plus mentir, trop de pression s’était accumulée depuis ce matin.

« _ En réaltité, j’ai peur, je suis morte de trouille ! murmura-t-elle. Tous ceux qui me cherchent, je ne sais pas pourquoi, et il sont ici, je ne peux pas ressortir, ils vont arriver et je ne pourrais pas leur échapper … »

Une petite vieille s’assit pour regarder le jeu médiéval. Prune l’observa un moment, inquiète, puis regarda de tout côté : les sbires d’Aruvah n’allaient pas tarder à se montrer. Un objet marron foncé attira son attention. Cyrielle et elle s’approchèrent, et découvrirent une canne de marche. Une idée commença à germer dans le cerveau de Prune : sortir pas la petite porte de derrière la maison de retraite, en se faisant passer pour une petite vieille… Elle en fit part à Cyrielle. Il fallait agir vite, les autres arrivaient déjà. Prune s’appuya sur la canne et se courba, Cyrielle passa son bras par dessus le dos de Prune, comme pour l’aider à marcher. Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la petite porte, passèrent devant les serviteurs d’Aruvah qui n’y virent que du feu, et franchirent la porte. Elles avaient fait quelques pas dehors, et tournait dans l’étroit chemin qui bordait l’immeuble, quand deux hommes du clan Aruvah se mirent à les suivre. Des enfants assis par-terre, adossés soit au mur soit à la palissade qui lui faisait face, laissaient passer Prune et Cyrielle, mais allongeaient leurs jambes aussitôt après, pour ralentir les autres. Un homme d’une trentaine d’années, aux cheveux blonds foncés, observait la scène avec grand intérêt. Au bout d’un moment, il s’adressa à Cyrielle :

« c’est bon, je prends le relais de la surveillance , tout va…»

Il s’arrêta net quand il se rendit compte avec terreur que la mère d’Aruvah se tenait là. Il avait fait une gaffe ; il ne l’avait pas vu avant ! Maintenant, tout le clan Aruvah saurait qu’il n’était pas vraiment des leurs comme il le faisait croire. Tout en parlant du beau temps qu’il faisait en ce moment à Siudka, il se mit à franchir les jambes des enfants, et s’enfuit avec Prune et les enfants.

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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