Chapitre 21 : La véritable apparence !

Chapitre 21 : La véritable apparence !

Gaara avait entendu les mots étranges prononcés par Prune. Pensant à une technique de combat, il ne s’inquiétait pas. Mais lorsqu’il leva les yeux vers la partie supérieure de l’île, il fut témoin d’une chose qui le terrifia.

Prune ne ressemblait plus à Prune, elle ne paraissait plus du tout humaine. Elle était deux fois plus grande ; ses cheveux, détachés, immenses, volaient autour d’elle, bleus, gris et verts comme la mer, et le fond marin y apparaissait en hologramme, brillant et mystérieux, fascinant et menaçant ; ses yeux devenaient de plus en plus verts et très lumineux ; ses dents avaient pris une forme pointue ; des écailles étaient apparues sur ses mains, et ses ongles étaient maintenant des griffes.

Le vent s’était invité, violent, et hurlait autour de Prune, ce qui la rendait encore plus effrayante. Prune ressentait une impression de force gigantesque, qu’elle n’avait jamais éprouvé jusqu’à présent. Et un cri s’élevait, profond, glaçant, abyssal…

Attaquer… Manger… Venger… Le cri s’intensifiait. Prune l’entendait monter de l’Océan, l’entendait surgir en elle, intense, désespéré, vengeur. Elle ferma les yeux, puis se tourna face à ses assaillants. Elle savait ce qu’il fallait faire, sans besoin d’explication, sans l’avoir jamais fait. Elle monta ses mains à hauteur de ses épaules, poings serrés ; elle sentait la force des Déferlantes couler dans ses bras, se raffermir dans ses poings ; puis elle ouvrit les mains lentement, les paumes face à ses adversaires, les doigts écartés. Tous les êtres vivants qui se reflétaient en hologramme dans ses cheveux se tournèrent également vers eux, montrant les dents, pinces, masses, tentacules, nageoires plus coupantes que des lames de rasoir, ou tout autre attribut menaçant. Prune avait le sourire d’un loup affamé face à sa proie. Le vent l’entourait, repoussant les maigres attaques des sbires de Morgaéus, qui contrairement à Gaara n’étaient nullement surpris (leur maître avait dû les prévenir), mais semblaient redouter quelque chose. Ils se rassemblèrent pour lancer une forte attaque sur Prune, lorsque celle-ci ouvrit les yeux. Gaara n’avait jamais vu des yeux aussi verts, aussi féroces, aussi déterminés… Et enfin, Prune attaqua. Elle projeta violemment ses deux mains en avant, et toutes les bêtes de ses cheveux se précipitèrent vers les autres, et les dévorèrent en une seconde, avant de reprendre bien sagement leur place dans les cheveux de Prune. Gaara avait plaqué ses mains sur ses oreilles, tellement le cri était devenu strident au moment de l’attaque, tel une explosion attendue depuis trop longtemps. Il vit le vent retomber, les cheveux de Prune s’abaisser, les hologrammes s’estomper, et plus aucune trace des assaillants, pas même une petite goutte de sang. Il abaissa lentement les mains, escalada les rochers pour remonter au niveau supérieur de l’île, ou se trouvait Prune. Mais celle si s’était tournée vers lui, et avait si faim… Gaara pressentait ce qui allait se passer, et ne savait plus quoi faire. Il ne voulait pas mourir comme ça, sans se défendre, sans mettre à profit sa force et ses techniques… Mais il avait été appelé auprès de Prune par la Clé, et se devait ainsi de la protéger coûte que coûte…

A Siudka, tout le monde avait vu cette grande lumière multicolore qui faisait ressembler le ciel nocturne à la mer. Certains avaient peur, les scientifiques rivalisaient d’explications rationnelles, les petits-enfants des Labordage mettaient en cause Morgane, marins et pirates savaient que ça venait de la Mer.

De son château, la Fée avait tout vu. Le moment était proche. La rupture du sceau allait précipité les événements… Mais pour le moment, il fallait calmer le monstre avant qu’il ne dévorât tout le monde… Elle ne pouvait rien faire contre les Céruléens, liée qu’elle était par le fameux Code ancestral d’Athamalys. Mais elle avait une idée. Elle se glissa chez Sophie, subtilisa la clé, puis se rendit chez les amis de Prune. Ces derniers s’étaient rassemblés en haut de la tour du planétarium pour observer la lumière multicolore en toute sécurité, et s’étonnaient de l’absence de leur amie si passionnée de phénomènes naturels. Toutefois, ils l’accueillirent avec une certaine méfiance : était-ce vraiment la fée, ou encore l’imposteur qui voulait les manipuler ? Ce ne fut que lorsque Morgane eût expliqué la situation qu’ils lui accordèrent leur confiance. Comment calmer le monstre ? Qui appeler ? Pour Frédérique, la solution s’imposa d’elle-même : quel meilleur spécialiste des monstres que Rubéus Hagrid ?

Hagrid surgit au moment où Prune s’apprêtait à attaquer Gaara. Elle était déjà tournée vers lui, griffes menaçantes, yeux brillants, dents éclatantes ; et de son côté Gaara avait décidé de se défendre, et déjà son sable sortait de sa jarre et virevoltait en direction de Prune. Vaille que vaille, Gaara se défendrait. Il n’allait pas se laisser dévorer par un monstre…

« Oh ! Prune ! cria Hagrid. Regarde un peu par ici ! Regarde skeucht’amène ! »

Gaara et Prune tournèrent la tête vers Hagrid, qui brandissait des pavés de bœuf crus. Prune se détourna complètement de Gaara et se dirigea vers Hagrid. Le sable regagna la jarre. Le serment de la Clé (c’est-à-dire ne pas attaquer la personne vers qui on a été envoyé grâce à la clé) ne serait pas rompu.

Hagrid lança un pavé de bœuf à Prune, qui l’engloutit d’un seul coup. Il regagnait la côte, lançant les pavés de bœufs que Prune dévorait. Gaara suivait prudemment. Une fois sur la plage, Prune s’effondra de tout son long et se mit à ronfler. De puissants somnifères avaient été incrustés dans les morceaux de viande, seul moyen efficace de calmer le monstre. Hagrid s’assura qu’elle dormait bien, la ramassa, et la porta chez Morgane, escorté de Gaara. Bien que Prune, sous sa véritable apparence, mesurât près de 2 m 50 et pesât dans les 100 kg, Hagrid la portait comme une plume. Morgane les fit entrer dans son château. Ils y trouvèrent Oléna, Navtchi, Sirélys, Heffyiz, Rovéna, Slavicha, Azukénai et Nilimashku. Il fallait à tout prix discuter de ce qui pourrait advenir maintenant que le sceau était rompu, maintenant que la véritable apparence de Prune s’était révélée, maintenant que l’heure de la vengeance était proche…

Fin de la troisième partie.