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La Fleur d'Ecume
28 novembre 2011

Chapitre 55 : escapade au Palais du Tau.

Chapitre 55 : escapade au Palais du Tau.

 

A bord du Tartoche, conduit par ZeN et copiloté par Titine, Prune relatait à Shádi tout ce qui s’était passé depuis leur rencontre à Kourchéda.

« Et là, tu t’es toi-même coupé la natte !

– Quoi ? J’ai fait ça, moi ? La honte… Et quelqu’un le sait, là-bas ?

– Personne, à part Nilimashku, Navtchi et ta sœur. Mais elle était fière de ton geste, ne t’en fais pas. »

Cependant, alors qu’ils arrivaient à Fismes, le moteur commença à donner de sérieux signes de faiblesse, et s’arrêta complètement.

« Cela va prendre un peu de temps pour réparer l’engin, dit Titine.

– Mais ce n’est pas grave, dit ZeN. Regardez dans la soute à purée. »

Prune et Shádi regardèrent dans le coffre et en sortirent deux monocycles équipés d’un guidon. Sceptiques, ils essayèrent les monocycles, constatèrent que c’était finalement moins difficile que ça ne le paraissait, et se mirent en route.

« Il vaut mieux rouler à l’anglaise, cria Prune pour couvrir le bruit de la circulation.

– Quoi ? fit Shádi, de même.

– Il vaut mieux rouler à l’anglaise, répéta Prune plus fort en détachant les syllabes. Comme ça, on aura les voitures qui viendront en face de nous, et pas derrière nous. »

Les voitures qui les croisaient les klaxonnaient parfois. Certaines personnes riaient et les gratifiaient d’un pouce en l’air approbateur, tandis que d’autres leur tendaient un autre doigt moins sympathique. Shádi voulut dégainer son sabre pour leur apprendre la politesse, mais Prune lui fit signe de laisser tomber. Les deux monocyclistes prirent une route sur leur gauche, plus petite et moins fréquentée que la nationale. Mais au beau milieu de la route, il y avait un tas de blocs de béton. Allons bon… Prune remarqua un petit bouton sur le bord droit du guidon. Elle appuya dessus, et le monocycle se métamorphosa en échasses. Prune franchit le mur, se retourna pour conseiller à Shádi d’en faire autant, et découvrit alors que des policiers étaient à leur trousse. Des policiers ou des sbires de Morgaéus ? Dès que Shádi eût franchi le mur à son tour, Prune pressa une nouvelle fois le bouton, et les échasses redevinrent un monocycle. Shádi fit de même, et les deux amis se mirent à pédaler à toute vitesse ; ils semèrent rapidement leurs poursuivants, quels qu’ils étaient.

Des groupes de touristes et des groupes scolaires se pressaient et se croisaient au Palais du Tau. Des guides expliquaient dans plusieurs langues aux touristes ce qu’ils voyaient, des enseignants incitaient les élèves à rester en groupe et à se dépêcher.

« Comment reconnaîtrons-nous le coffret ? murmura Shádi.

– C’est facile, c’est un coffret fermé, qui bougera de lui-même si je le lui demande. »

Devant chaque coffret clos, Prune susurrait quelques mots en okéani. Aucun n’avait bougé, et ils avaient parcouru toutes les salles. Le coffret contenant le poignard serait-il dans la réserve ? Si c’était le cas, cela risquait de compliquer les choses…

« Et maintenant, dit le conservateur du musée aux scolaires, je vous invite à venir voir en avant-première les nouvelles salles du musée : un bâtiment moderne, attenant au Palais du Tau, qui contient tout ce qui a pu être découvert mais qui n’a aucun rapport avec la ville de Reims ou sa région. Suivez-moi. Nous prendrons les escaliers car vous êtes trop nombreux pour qu’on puisse s’engouffrer dans les ascenseurs. »

Prune et Shádi se regardèrent, eurent la même idée, et emboîtèrent le pas aux enfants. Il y avait une classe de CP-CE1 et une classe de 6ème. Or, à la fin du groupe des collégiens, une fille aux cheveux châtain qui regardait fixement Prune et Shádi finit par dire : « ça va mieux, apparemment, depuis l’autre fois !

– Tiens, Dinah ! Comment vas-tu ?

– Bien…Alors, tu as retrouvé ton nom ?

– Oui, c’est… Prune…Quoi ?

– Non, rien… Ce n’est pas courant…

– Dinah ! Dépêche-toi et viens voir les coffrets ! » dit alors l’enseignante.

Prune et Shádi l’accompagnèrent. Ils montèrent dans une salle où étaient entreposés de très jolis coffrets. Le regard de Prune fut attiré vite par trois enfants de l’autre classe qui s’étaient mis dans un coin : un petit blond qui dansait en admirant son reflet dans une vitre, un autre garçon un peu plus grands aux cheveux très noirs qui s’amusait à tourner ses doigts dans tous les sens et à faire des grimaces pour faire rire les filles de la classe, et un autre, plus grand encore, aux cheveux roux et un air arsouille. Puis les yeux de Prune distinguèrent ce que protégeait la vitre derrière les trois enfants : un coffret bleu-nuit, au décor aquatique sculpté, avec deux sirènes qui se faisaient face avec un index sur la bouche comme pour dire « chut ! ». Prune murmura : « est-ce toi ? Si oui, approche-toi », et le coffret s’approcha.

« Théo, Gavrila, Gabin ! s’exclama l’enseignante des CP-CE1. Combien de fois devrai-je vous répéter de ne toucher à rien ?! Rejoignez le rang, dépêchez-vous ! »

Les enfants protestèrent qu’ils n’y étaient pour rien, mais personne ne les crut.

Shádi tira de sa ceinture une espèce d’aiguille, et ouvrit la vitre de protection du coffret avec dextérité. « Viens ! » dit Prune au coffret, qui lui sauta dans les mains. La jeune fille secoua le précieux objet pour s’assurer qu’il y avait bien le poignard à l’intérieur, sourit en entendant le bruit du couteau, et dissimula le coffret dans le sac en tissu mauve avec des inscriptions en sanskrit que lui avait offert Aruvah juste avant son départ. Mais l’alarme retentit, et des lumières se mirent à clignoter. Shádi voulut prendre le sac, mais le coffret ne voulut pas changer de mains. « Vite ! Sauve-toi par l’escalier et attends-moi en bas, entre la cathédrale et la bibliothèque… Ou juste devant la médiathèque, plutôt. Vite ! »

Alors que Shádi s’éclipsait, Prune grimpa quatre à quatre les étages pour faire croire qu’elle n’était pas dans la pièce où avait eu lieu le vol. Et si elle arrivait à gagner une sortie de secours et à descendre par un escalier extérieur ? Mais malheureusement, des policiers bloquaient chaque sortie de secours. Elle en entendait d’autres monter. A l’étage inférieur, les enseignants tentaient de tenir leurs élèves, mais Dinah, Théo, Gabin et Gavrila s’étaient mis un peu en retrait et essayaient de voir ce qui se passait. Prune se précipita dans l’ascenseur. Elle entendit un des policiers dire « quelqu’un dans l’ascenseur ! Vérifiez chaque palier ! ». Très vite, elle appuya sur un bouton pour bloquer l’ascenseur. Pourtant les portes s’ouvrirent, et elle se rendit compte que sa tête était visible, juste à la hauteur du plancher de l’étage où se trouvaient les enfants. Dinah la vit. Les trois garçons tournèrent la tête et la remarquèrent également. Prune se recroquevilla dans l’ascenseur, les oreilles aux aguets. Les enfants se consultèrent du regard rapidement et se mirent d’accord tacitement. Un policier se précipita sur eux : « vous avez vu le voleur ? Par où est-il parti ? ». D’une même voix, les enfants répondirent : « il est parti par là ! », chacun montrant une direction différente. Le policier, exaspéré, grommela quelque chose sur les gens qui font perdre du temps aux autres, puis demanda aux enfants s’ils avaient réellement vu quelqu’un. Dinah répondit qu’elle avait cru voir quelque chose mais qu’en réalité elle n’avait vu personne. Le policier s’en alla en criant aux autres « c’est bon, il n’y a personne aux deux derniers étages », ce qui libéra la voie à Prune.

« Dinah, Théo, Gavrila, Gabin, aidez-moi donc, dit la jeune fille à voix basse.

– Ouah ! Tu es trop forte ! s’écria Gabin, le petit roux.

– C’est quoi, ta nom ? demanda Gavrila, le petit brun.

– Ton nom, corrigea Théo, le petit blond.

– Ton nom ? reprit le deuxième garçon.

– Prune Maldiz Biélouchka Andodromtsa Okéanou-Malka-Draconiste Tzali… en abrégé, bien sûr. Tenez-moi ça. »

Elle leur tendit le sac, et tous se questionnèrent sur ce qui y était écrit.

« C’est quelle langue ?

– Du sanskrit : c’est une langue de l’Inde.

– Ça s’écrit de gauche à droite ou de droite à gauche ? s’enquit Dinah.

– De gauche à droite, répondit Prune tout en se hissant et se tortillant pour se dégager de la cabine d’ascenseur. Merci de votre aide et bonne journée ! »

Elle leur fit un clin d’œil en souriant de toutes ses dents, se hâta de gagner le dernier étage et de descendre par l’escalier de secours à l’extérieur. Elle retrouva Shádi, et tous deux regagnèrent Fismes. Le Tartoche avait été réparé, et atteignit Siudka alors que la nuit commençait à tomber.

« Mais pourquoi tu ne t’ouvres pas ! » s’exclama Morgane après la douzième tentative d’ouverture du coffret. Elle avait essayé divers enchantements et sorts, mais rien n’avait fonctionné.

– Et si on lui demandait, tout simplement ? » suggéra Prune.

Elle dit « ouvre-toi » au coffret en okéani, mais sans succès.

« Oh, j’ai une idée… Sur le coffret, il y a des sirènes ; or, si seule une sirène pouvait l’ouvrir ?

– Essayons. »

Prune et Morgane plongèrent et se mirent à la recherche d’une sirène. Elles en trouvèrent une qui rôdait près des Coraux Morts Sous La Lune. Elle avait tout un bras comme brûlé et il lui manquait un œil. Elle contemplait mélancoliquement les Coraux tout en enroulant ses longs cheveux mauve sombre.

« Bonjour… Pourrais-tu nous aider, s’il te plait ? » se lança Prune.

La sirène se retourna et observa Prune et Morgane sans mot dire. Prune poursuivit.

« Pourrais-tu demander à ce coffret de s’ouvrir ?

– à une seule condition, dit la sirène : laissez-moi me venger de cet homme aux yeux exorbités qui hurle n’importe quoi en tournant sur lui-même. Il a capturé ma sœur il y a longtemps pour je ne sais quelle raison, et l’a fait mourir. Je veux le tuer moi-même.

– Pas de problème, dit Morgane, si tu ouvres ce coffret. »

La sirène chanta, le coffret s’ouvrit, et là…

« Ce n’est pas le bon ! s’écria Morgane.

– Quoi ? dit Prune, incrédule.

– Ce n’est pas le bon poignard ! Celui-ci est bien le poignard de Corail, mais celui fabriqué par elle pour son amoureux humain, pas le sien ! Où peut-il bien être, le sien ? »

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  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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