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La Fleur d'Ecume
10 décembre 2013

CHAPITRE 76 : Rapport n° 26.06.04-3.

CHAPITRE 76 : Rapport n° 26.06.04-3.

 

Le lendemain, Prune-Tzali fut convoquée au Palais sous la Mer pour visionner un rapport visuel des SCSC. Elle avait insisté pour qu’Aurélien pût l’accompagner, et ce dernier, après avoir avalé une perle rose spéciale, se tenait à ses côtés. On les convia à prendre place dans une grande salle où se trouvaient déjà beaucoup de monde et on leur remit des lunettes 3D.

« On se croirait au cinéma ! » remarqua Aurélien.

Les lumières s’éteignirent, et le visionnage du rapport débuta.

Tout d’abord, sur un écran noir, on put lire, écrit tout en blanc et en plusieurs systèmes d’écriture les nombres 26.06.04-3, puis le décor apparut.

Jouxtant les grandes brumes qui cachaient Caldeira du reste du monde, s’étendait le Désert des Bouches, vaste étendue de sable et de roches, où béaient çà et là des trous luisants de roches en fusion. Un groupe se dirigeait vers l’un de ces trous, dans une majestueuse marche. On ne distinguait pas le visage des personnes constituant ce groupe ; cependant leurs allures ne laissaient aucune place au doute : Morgaéus et sa garde rapprochée, ainsi qu’Asavelg. Ils étaient tout proches du plus grand trou.

« Ainsi, c’est ici ? s’enquit Asavelg.

‒ Oui, c’est bien ici, répondit Morgaéus. La plus grande bouche du désert. Je vais enfin retrouver tous mes pouvoirs, sans exception.

‒ Et comment vas-tu t’y prendre ? Aucun de tes gardes n’acceptera de descendre et de se frotter aux gardiens des gemmes.

‒ Évidemment. Aucun d’entre eux n’en ressortirait vivant. Idem pour mes soldats… A qui de toute manière je ne confierais jamais une mission si importante.

‒ Moi-même je ne peux y descendre… Iras-tu toi-même ?

‒ Bien sûr que non, voyons !... Il n’y a qu’à y envoyer notre prisonnier… »

Les sbires s’écartèrent. Parmi eux, bâillonné, les mains attachées derrière le dos, le regard sombre, se tenait Milenko.

« Nous l’avons capturé alors qu’il cherchait à rejoindre Siudka. Nous pensions l’utiliser éventuellement au cours du combat, mais il nous sera bien plus utile ici. »

Milenko fut délié et poussé dans la bouche. Il ralentit sa chûte en se raccrochant sur les parois, mais atterrit assez brutalement. Il ôta son bâillon, regarda en l’air… Le ciel n’était qu’un petit rond bleu très éloigné. Toutefois, les roches en fusion, très lumineuses, faisant office de torches,

On voyait très clair dans ce trou, qui se poursuivait à l’horizontale sous forme de caverne. Milenko se releva et chemina doucement dans la grotte, scrutant les murs incrustés de béryls, de rubis, de saphirs, d’émeraudes, de grenats, d’améthystes, de topazes… Soudain, un bruissement se fit entendre. Le jeune homme se tapit entre deux stalagmites, tel un chat à l’affut, yeux et oreilles en alerte. Nouveau bruissement, puis plus rien. On entendait seulement la respiration de Milenko, rapide mais à peine audible.

« J’ai soif ! murmura-t-il, y aurait-il de l’eau, ici ? »

Il sortit de sa cachette, et s’engouffra plus profondément. Un clapotis… Une source ! Il se dirigea vers l’eau, toujours plus loin dans la caverne. Percevant de nouveau les bruissements, il s’arrêta, aux aguets, et poursuivit son chemin. Il se sentait observé, allait de plus en plus vite et respirait plus bruyamment. Après un long cheminement dans un boyau de plus en plus étroit et de plus en plus étouffant, il parvint enfin à une cavité plus grande, où jaillissait une source. Haletant, il courut s’y désaltérer. A peine avait-il bu quelques gorgées que tout se troubla autour de lui ; quand le décor redevint normal, le jeune homme était entouré de sept danseuses, chacune représentant une sorte des pierres précieuses qu’il avait vues. Les danseuses tournaient autour de Milenko, qui se sentait comme envoûté, mais il s’aperçut que les traits des jeunes filles changeaient subrepticement, devenant plus masculins ; leurs vêtements se faisaient plus guerriers, et bientôt Milenko fut assailli par les sept gardiens des gemmes qu’avait mentionnés Asavelg. Il tressaillit face à leurs sabres menaçants, mais les gardiens s’écartèrent de lui avec douceur.

« Ton cœur est pur, humain, et tu n’es pas venu ici de ton plein gré pour t’emparer de nos précieux cristaux. Celui qui te les as demandés ne doit surtout pas s’en emparer ; à toi de faire le nécessaire. Maintenant, prends-les et remonte.

‒ Non, répondit Milenko. Comme ça, si je ne remonte pas, c’est sûr qu’il ne pourra pas mettre la main dessus.

‒ Tu ne peux rester ici. Il te faut remonter. Prends les cristaux et va. »

Les gardiens des gemmes disparurent, laissant les cristaux dans les mains de Milenko. Le sol se mit à trembler, le jeune homme tomba et glissa en direction de l’endroit d’où il était venu, et se sentit transporter par les roches vers la surface.

« Le revoilà ! Il ne s’est pas fait tuer ! s’étonna Asavelg.

‒ Je n’en doutais pas… Donne moi les cristaux, Milenko.

‒ Non, répondit fermement et calmement Milenko.

‒ Non ?

‒ Non.

‒ Sais-tu ce que je peux te faire ? Ce que Maori a connu ne sera rien à côté de ce que tu subiras si tu ne me donnes pas les cristaux.

‒ Pourquoi ne pas les lui prendre de force ? s’enquit Asavelg.

‒ C’est malheureusement impossible, soupira Morgaéus, sinon il y a longtemps que je l’aurais fait. Les cristaux doivent être donnés de plein gré. »

Milenko jeta un œil aux cristaux, et constata qu’en pleine lumière l’un était blanc profond et l’autre d’un noir limpide. Il était bien décidé à empêcher Morgaéus de recouvrer ses pouvoirs, bien décidé à aider de toutes ses forces Tzali-Sméruga… Il ferma les yeux, respira profondément, et sut ce qu’il devait faire. Il ouvrit les yeux. Les deux cristaux s’étaient entrelacés. Il entrouvrit ses mains, les leva, vit le regard avide de Morgaéus (qui tendait déjà la main pour s’emparer de ce qu’il convoitait), referma ses mains et se poignarda. Morgaéus poussa un rauque hurlement de rage et s’écarta promptement du jeune homme.

« C’est perdu, maintenant ! Impossible de tout retrouver.

‒ Regarde, les cristaux dépassent de son corps. On peut encore les récupérer.

‒ Non… Quiconque les touche ou ne fait même qu’effleurer le corps de ce jeune homme meurt aussitôt… Y compris les êtres comme nous…

‒ Que fait-on, alors ?

‒ Rendons-nous à Morgaéusia. Laissez-le ici. Il est intouchable, désormais, de toute façon… Nous ne pourrons même pas exercer un quelconque chantage avec son corps. »

L’écran s’assombrit, puis s’éclaira de nouveau. Morgaéus, sa garde rapprochée et Asavelg avaient disparu. Le corps de Milenko gisait près de la grande bouche, allongé sur le dos, les yeux ouverts. Un cortège s’avançait. Des gardes, des suivants, des suivantes, et une très belle femme assise sur une chaise à porteurs. Le cortège se dirigea vers Milenko. La femme arrêta tout son cortège d’un geste des doigts et descendit. Elle examina attentivement ce qui se trouvait sous ses yeux.

« Quel magnifique teint de perle… Et quels yeux ! La mort n’a pas encore terni cet intense regard sombre… Et ces deux petites larmes de diamants… L’une noire, l’autre blanche… Les cristaux plantés dans son torse n’ont pas encore pris la couleur du sang…

‒ Est-il mort, reine Nour ? demanda une petite fille.

‒ Oui, il est mort… Quel dommage…

‒ Pourquoi son corps a-t-il été abandonné ?

‒ Sans doute était-il accompagné de personnes peu recommandables… Et après son geste, aucun humain n’aurait pu le frôler sans aussitôt tomber raide mort… Mais nous, nous sommes des Djinns, donc nous le pouvons. »

Le rapport s’achevait sur les paroles de Nour. Prune-Tzali tremblait de colère devant ce qu’avait dû faire Milenko. Dans le même temps, une idée devenait de plus en plus nette dans son esprit ; elle prit la parole avant même que la lumière ne revînt dans la salle.

« Cette reine-là, Nour, c’est une Djinn ? Et pourquoi ne deviendrait-elle pas la protectrice de Caldeira ?

‒ J’allais y venir, répondit Sliéta. J’ai rencontré Nour, avant même ce que nous venons de visionner. Elle se rendait justement à Caldeira. Elle est d’accord pour protéger la ville et pour nous aider dans notre combat contre Morgaéus et Asavelg.

‒ Qu’a-t-elle fait de Milenko ?

‒ Ce qu’il fallait… Désormais, les gardiens des gemmes sont au nombre de neuf ; et ils veillent aussi sur la sépulture de cet humain courageux. »

Une image apparut à l’écran, montrant les sept danseuses : une en jaune, une en rouge, une en bleu, une en vert, une en bordeaux, une en violine, une en orange. Une deuxième image les montrait sous leur apparence masculine. Ensuite, on vit une troisième image figurant les mêmes sous leur apparence féminine, accompagnées d’une danseuse vêtue de noir et d’une autre vêtue de blanc, à laquelle succéda une quatrième image : les neuf guerriers devant la sépulture de Milenko.

« J’ai hâte d’être à demain midi sur la Plate-Forme des Hauts-Bas ! » gronda Prune-Tzali.

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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