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La Fleur d'Ecume
23 septembre 2013

CHAPITRE 69 : Alexis et Gadi.

Le bar des pirates était bondé ce soir-là. Beaucoup jetaient de regards intrigués vers Sliéta et Prune-Tzali : “ne serait-ce pas Sliéta la déesse dragon ? Déesse ? Je croyais qu’elle était humaine. Eh non, elle n’en a que l’apparence. Et tu crois que c’est la même chose pour la petite ? Va savoir…”

Aurélien avait loué une chambre à l’hôtel des Chats, non loin de là ; il était parti se laver et se changer, aussi Prune-Tzali se retrouvait-elle toute seule. Elle s’installa dans un recoin ombragé du bar pour se reposer un peu.

Deux hommes assez jeunes poussèrent la porte du bar, et se frayèrent un passage. Ils se trouvaient juste à côté de la jeune fille, qui leva paresseusement une paupière, l’abaissa aussitôt, à l’écoute cependant de tout ce qui se passait autour d’elle.

“Bonsoir, dit l’un des deux hommes.

‒ Bonsoir, répondit l’autre.

‒ Comment t’appelles-tu ?

‒ Alexis, et toi ?

‒ Gadi. Tu viens d’où ?

‒ De Grèce, et toi ?

‒ D’Israël.

‒ C’est la première fois, que tu viens ici ?

‒ Oui, c’est assez… dépaysant, non ?

‒ En effet ! C’est ma femme, qui m’a donné l’adresse. Et le trajet pour y arriver, ce n’était pas évident ! A un moment il y avait un de ces brouillards, je me suis complètement paumé, mais finalement j’ai réussi à retrouver mon chemin.

‒ Exactement pareil pour moi : ma femme m’a envoyé un message avec adresse et trajet. Elle avait envoyé le même à ma fille avant.

‒ Tu as une fille ?

‒ Oui : Neȟošet. Elle a quatorze ans.

‒ Mon fils aussi a quatorze ans. Tiens, c’est lui, là-bas, à côté de ma femme, d’ailleurs. Eh, Ȟalkos !

‒ Ta femme doit être derrière la mienne. En tout cas je vois ma fille juste à côté.

‒ Ah non, c’est ma femme, là.

‒ La grande avec les cheveux auburn ? C’est ma femme, pas la tienne.

‒ Certainement pas !

‒ Comment !”

La conversation s’envenimait et devenait de moins en moins intelligible ; toutefois Prune-Tzali distingua nettement des sons de coups portés et reçus. Elle se redressa, ouvrit les yeux : les deux hommes étaient en train de se battre !

“Non mais ça va pas la tête, vous deux ? intervint-elle. Pires que vos gamins !”

Les deux hommes, au sol, cessèrent de se battre, et se relevèrent, plutôt penauds.

“Vous avez quel âge ?” poursuivit Prune-Tzali, d’un ton désapprobateur et incrédule.

‒ Vingt-huit ans… répondirent Alexis et Gadi.

‒ Vingt-huit ans ? Bah elle s’emmerde pas, la Sliéta…

‒ Je suis considérée comme sulfureuse et interdite de séjour en Israel et en Grèce, si tu veux tout savoir, intervint alors cette dernière.”

Une explosion retentit, et toutes les vitres volèrent en éclats. De longs tentacules de ferraille balayèrent le bar, que tout le monde cherchait à fuir dans une pagaille tumultueuse. Tout à coup, Alexis fut attrapé et tiré vers l’extérieur.

“Alexis !” hurla Gadi, avant de s’élancer vers le tentacule. Prune-Tzali lui vint en aide, et le jeune homme fut libéré. Les tentacules se retirèrent, tous reprirent leur souffle.

“Qu’est-ce que c’était ?

‒ Une machine à l’effigie du kraken… Cela ne me dit rien qui vaille, restons sur nos…”

Prune-Tzali n’eut pas le temps de prononcer le mot “gardes” : de nouveaux tentacules surgirent, plus nombreux, plus dangereux et plus avides, et se saisirent des tables, des chaises, de morceaux du bar, de poutres, et de Gadi.

“Gadi !” hurla Alexis. Il se précipita sur le tentacule, secondé par Prune-Tzali. Toutefois, les tentacules se rétractaient rapidement vers la mer. Un fouet étrange bloqua le tentacule qui emprisonnait Gadi, qui ainsi parvint à s’extirper. Les deux jeunes hommes se replièrent vers l’hôtel des Chats, où Sliéta était occupée à empêcher ses enfants d’intervenir.

Prune-Tzali s’intéressa au fouet : il était de la même matière que les armes aquatiques des Céruléens. Il relâcha le tentacule et s’enroula. La jeune fille reconnut alors celle qui utilisait cette arme : la sirène qui l’avait aidée à ouvrir le coffret.

“Laisse, dit cette dernière. Celui qui manipule cet engin est justement celui dont je veux me venger. C’est seule que je veux l’affronter.

‒ Mais…

‒ C’était la condition et tu l’as acceptée ! rugit la sirène. Si je ne parviens pas à survivre, et là seulement, tu me vengeras. Mais maintenant, regagne les fonds. C’est mon combat.”

Prune-Tzali, à contrecœur, plongea vers le Palais sous la Mer. Le combat semblait démesuré entre cette sirène à demi-brûlée armée d’un fouet et l’homme de la grange aux manettes d’un kraken mécanique… Le Palais était en vue, mais elle ne s’y rendit pas. Elle nageait pour se vider la tête, toujours plus profond, toujours plus loin… “Pourvu que la sirène l’emporte…” Elle avait atteint les fonds tapissés d’algues longues, qui formaient une forêt dansant au fil des mouvements de l’eau… “Et Aurélien ? J’espère que Sliéta lui expliquera ce qui s’est passé, et surtout qu’elle l’empêchera de plonger ; seuls les Céruléens peuvent aller si profond…” Elle devait être très au large, désormais… Des fumerolles sortaient de cheminées de roches… “Tiens, je suis arrivée à la dorsale médio-atlantique… C’est par-là qu’on peut atteindre les rivages perdus, selon la légende… Et si ce n’était pas qu’une légende ? Allez, j’essaie.”

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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