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La Fleur d'Ecume
12 décembre 2011

Chapitre 57 : le poignard de Koraï (Corail).

Chapitre 57 : le poignard de Koraï (Corail).

 

« En haut de ces rochers ! » fit Prune tout haut à elle-même. Elle souriait, car elle sentait que le poignard n’était pas loin. Morgane s’était procurée une sorte de boussole qui n’indiquait pas le nord comme n’importe quelle boussole, qui ne donnait pas non plus la direction de ce qu’on désirait le plus au monde comme celle du Capitaine Jack Sparrow, mais qui était attirée par les roches constituant le poignard de Corail. La boussole avait guidé Prune vers Nice, et semblait montrer désormais la direction d’une cavité. Prune gravit les rochers, s’arrêta un peu pour admirer la mer, puis reprit sa route. Pas de doute, la boussole voulait que Prune entrât dans la grotte. Il y faisait plutôt sombre, mais très vite elle distingua une « salle » plus claire, dans les tons rouges. La boussole s’agitait dans tous les sens : le poignard était là… Mais il y avait déjà quelqu’un, un jeune homme allongé sur une sorte de table. Des chaussures, un maillot, un sac et des instruments de mesures et de prélèvements gisaient sur le sol de la grotte. Prune s’approcha avec précaution du jeune homme, et découvrit qu’il était coincé dans un dispositif bizarre comportant une scie. Or, sous ce dispositif, il y avait…

« Le poignard de Koraï ! » s’exclama Prune.

– Ne me fais pas de mal, gémit le jeune homme, qui que tu sois, je t’en supplie, ne me fais pas de mal ! implora Bastien.

– Non, je…

– Tu es celle qu’il attendait, non ? Celle pour qui il a écrit ce message…

– Un message ? Quel… »

Prune découvrit alors les mots laissés par Morgaéus sur le torse de Bastien. Elle laissa échapper quelques injures à l’égard de son ennemi, se présenta et demanda au jeune homme (qu’elle trouvait très joli) qui il était. Puis…

« C’est embêtant, si je te scie, il y aura du sang sur le manche du poignard, et il ne doit en aucun cas y en avoir… C’est pour cela que l’autre ignoble face ne peut pas y toucher… Comment faire ?... Oh, je sais ! »

Prune prit son couteau de plongée et tenta de dévisser le dispositif. Toutefois, la scie risquait de blesser Bastien…

« As-tu de l’eau dans tes affaires ?

– Oui…

– Parfait ! »

La jeune fille trouva la bouteille d’eau de Bastien, l’ouvrit, et manipula le liquide de manière à ce qu’il s’immisce entre le dispositif et le corps du jeune homme, qui frémit en sentant l’eau l’entourer.

« Mais… Qui êtes-vous, au juste ?

– Moi, je suis Quatre-Quart. Ce serait trop long à t’expliquer. L’autre est une espèce de sorcier, fé déchu, qui voulait m’avoir de son côté et comme j’ai refusé maintenant il veut m’éliminer. Je sais, c’est impossible à croire, surtout pour toi qui est d’au-delà des Grandes Brumes, mais bon… Ne t’en fais pas, en tout cas : mon stratagème fonctionne à merveille… Tu as mal ?

– Il m’a brûlé aux pieds, aux épaules, et sur le torse…Mais…Mais qu’est-ce que tu fais ? Non ! NON !»

Prune avait craché une flamme, ce qui avait terrifié Bastien. Toutefois, la flamme prunesque, bleu-ciel et blanche, caressa doucement les blessures du jeune homme, qui soudain ne ressentit plus aucune douleur. Sa respiration se fit plus tranquille, et il sourit (et Prune se dit que cela serait un vrai gâchis de le scier).

L’eau réussit à ôter la scie, libérant ainsi les bras du prisonnier. Prune lui demanda de prendre appui sur les rebords de la caisse, de manière à pouvoir laisser l’eau, à qui elle avait fait prendre une forme de main, s’emparer du poignard et le sortir. Elle le tenait enfin, ce fameux poignard qui devait produire quelque chose qu’elle ignorait mais que les dieux et Morgane connaissaient bien. Elle le contempla lentement, effleura le manche, effleura la lame, admira ses yeux dans la lame, remit ses sourcils en place. Le poignard semblait respirer et même avoir un pouls…

« Aide-moi, s’il te plait.

Oh, sursauta Prune, oui, bien sûr… »

Tout absorbée par le poignard, elle avait complètement oublié Bastien et où ils étaient. Elle l’aida à se dégager de la caisse et à descendre de la table. Quand il eut les pieds au sol, le jeune homme grimaça de douleur ; Prune renouvela nonchalamment sa flamme bleue et blanche, Bastien put à nouveau marcher ; il se chaussa, se revêtit, ramassa ses affaires…

« Ne restons pas là, décida soudain Prune, s’il revient, ici, cela risque de ne pas être suffisamment grand. »

Bastien ne chercha pas à comprendre ce que disait la jeune fille, qui se dirigeait vers l’endroit d’où elle était venue. Cependant, elle se rendit compte que c’était assez vertigineux dans ce sens-là. Comment se faisait-il qu’à la montée elle n’avait pas eu ce vertige, et que désormais elle se sentait comme aspirée par la mer en contrebas ? Bastien lui conseilla un autre chemin, beaucoup moins abrupt quoiqu’assez escarpé. Ils firent demi-tour, dépassèrent la salle, s’engagèrent dans une petite galerie, et ne tardèrent pas à se retrouver à l’air libre.

Ils descendaient peu à peu vers la mer, qui était d’un bleu limpide. Prune se félicita d’avoir mis un pantalon et des baskets, mais se maudit de ne pas avoir pris de sac où elle aurait pu ranger la boussole et le poignard, car ce n’était pas très pratique de prendre appui sur les rochers tout en prenant soin de ces objets.

Ils s’engagèrent dans un petit défilé. Bastien marchait devant, mais se retournait très souvent pour voir si Prune suivait bien. Il l’aida à passer une marche assez haute où les objets l’encombraient. Prune s’appuya sur le roc, mais…

« Aïe, ouille ! »

Elle s’était blessée à la main droite sur un morceau effilé du roc. Elle lécha sa blessure pour tenter d’empêcher le sang de couler, puis poursuivit sa route.

« Nous sommes presque arrivés, maintenant, annonça Bastien, mais il y a encore ce petit pic à franchir. Ça ira ?... Prune ?

Comme il ne recevait pas de réponse, il se retourna, et la peur le figea. Prune avait les yeux mi-clos, souriait de façon inquiétante, ondulait d’avant en arrière comme en transe… Ses dents parurent soudain plus éclatantes et plus pointues. Elle tenait la boussole dans sa main gauche, le poignard dans sa main droite, et Bastien vit, horrifié, du sang sur le manche du poignard. Il avait entendu qu’il ne fallait surtout pas qu’il y en ait… Il tenta de s’échapper, mais trébucha.

Prune entendait le poignard dans sa tête : « tue-le, tue-le »… Une autre voix luttait : « tu sais qui tu es, tu sais qui tu es, ne te laisse pas gagner par l’esprit du poignard ! »… Mais très vite, la voix du poignard l’emporta, l’autre se tut, et Prune ne brandissait plus le poignard : elle était le poignard. Il fallait frapper, poignarder ce misérable humain tremblant qui se protégeait la tête des mains, recroquevillé contre les roches… Elle sourit de toutes ses dents, inclina la tête d’un côté, puis de l’autre, s’approcha de Bastien en brandissant le poignard, éclata de rire, abaissa violemment son bras, la lame s’enfonça dans le bras du jeune homme, Prune releva le bras et s’apprêtait à recommencer, quand une main s’empara de son poignet et arrêta son geste. Prune se débattit, mais la main était puissante, et finalement lui fit lâcher le poignard. Prune reprit ses esprits. Elle regarda Bastien, qui avait les yeux fixés sur la personne qui l’avait sauvé en arrêtant le bras fou prunesque. La jeune fille se retourna. Une femme Céruléenne aux cheveux bleu-nuit lui souriait tendrement. Prune sut immédiatement qui elle était.

« Maman ! »…

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Commentaires
P
mais ça fait trop trop peur !
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  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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