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La Fleur d'Ecume
28 juillet 2011

Chapitre 48 : la mi’ikiba.

Chapitre 48 : la mi’ikiba.

 

Un mois s’était écoulé depuis l’arrivée de Prune à Oluleï. Elle avait dès le premier jour exploré toutes les salles ouvertes du palais, en avait dressé une carte détaillée, s’était procuré une carte de toute la région pour l’étudier attentivement, en avait repéré les moindres recoins cartographiés (beaucoup de zones désertiques et portant des noms peu encourageants comme « ville des morts » ou « terrain des cadavres osseux » ou encore « portes de la destinée funeste »), et surtout s’était bien reposée, ne manquant pas une sieste dans les doux draps de soie aux tons chatoyants changés tous les matins. Elle était restée parfois éveillée la nuit pour observer les bêtes féroces tournoyer au pied de la tour et bondir presque jusqu’aux fenêtres les plus basses, et avait remarqué que ces créatures nocturnes avaient des yeux rouges mais aucun poil, et, semblait-il, aucune pigmentation. Qu’étaient donc ces drôles d’animaux ? Chaque fois qu’elle avait posé la question à un Olulien, y-compris au roi Olukiba et à la lugadaki Avnilika, on avait frissonné, mais on lui avait répondu évasivement que ce n’étaient que des animaux comme les autres, qu’on ne parlait pratiquement jamais d’eux... Bien décidée à ne pas s’en tenir là, elle imaginait déjà une expédition nocturne pour en savoir davantage.

Cependant, on annonça l’arrivée de Yiyorev Heffyiz. En écoutant aux portes, elle avait surpris une conversation entre Olukiba et Avnilika, qui voulaient parler d’elle à Heffyiz sans qu’elle n’entende ce qu’ils disaient. Lors du repas de la mi-journée, elle utilisa un stratagème qui avait maintes fois fait ses preuves : faire semblant de dormir, l’oreille à l’affût. La croyant dans un profond sommeil, Avnilika, Heffyiz et Olukiba engagèrent une discussion.

« S’est-elle déjà révélée en tant que… Tu vois quoi ? souffla Heffyiz à Olukiba.

– Non, je ne crois pas. Apparemment, elle a déjà un peu crachoté, pais sans plus.

– Bon, dans ce cas, le plus sage est de la faire escorter jusqu’aux Portes.

– Les Portes ? intervint alors Avnilika. Mais qui serait assez timbré pour traverser le grand désert, le défilé des sables pétrifiés, la ville des morts et le passage de la Lehemena ? Aucune mi’ikiba n’acceptera, soyez-en sûrs !

– Si… Il y en a une… De toute manière ils n’auront pas le choix : ce sera ça ou la prison ! » trancha Olukiba.

Prune, en entendant ces mots, sortit de son sommeil feint : eh ! C’est pas très démocratique, ça !

– Ne t’en fais pas, la rassura Olukiba, c’est seulement un marché entre eux et Oluleï : ce sont des Français d’au-delà des brumes siudaniennes, ils sont ici pour diverses raisons – pour certains d’entre eux, éviter la prison – et se sont donc constitués en mi’ikiba.

– C’est quoi ?

– Une formation de quatorze guerriers chargés d’escorter et de veiller sur des personnalités.

– Des gardes du corps, en  quelque sorte ?

– Exactement. Donc, cette mi’ikiba aura le choix : t’escorter jusqu’aux Portes et ainsi rester constituée en mi’ikiba, ou refuser donc être dissoute de fait, ce qui équivaudrait à aller en prison pour ceux qui sont sous le coup d’une condamnation. »

Avnilika semblait contrariée : « mais… Tu ne vas tout de même pas lui donner ceux-là !

– Nous n’avons pas le choix, Avnilika.

– Mais c’est la pire mi’ikiba de tout Oluleï !

– Mais c’est la seule qui ne connaît pas le risque, donc la seule qui s’engagera sans rechigner.

– Ah… Pas bête…

– Le risque ? intervint alors Prune, un sourire jusqu’aux oreilles. Quel risque ?

– Le chemin jusqu’aux Portes est bref, mais assez périlleux. L’eau est trop éloignée pour que tu puisses l’utiliser, et comme tu ne sais pas encore maîtriser convenablement le feu, même sur tu rechignes à les accepter, tu auras ces quatorze guerriers à tes côtés. »

Le ton employé par Olukiba était sans appel. Prune ne répliqua donc pas, mais imaginait déjà un stratagème pour fausser compagnie à la mi’ikiba.

« Vous partirez demain matin, avant le lever du jour, ajouta le roi, au deuxième chant de la worpa.

– Keksé ? »

Au même moment, une sorte de cri grave semblable à une trompette retentit plaintivement.

« C’est ça, dit Olukiba en souriant. Elle résonne toujours la veille et le jour du départ d’une expédition. »

C’est assez lugubre, pensa Prune.

Le repas du soir eut exceptionnellement lieu avant le coucher du soleil, puis Prune rejoignit la chambre qu’elle occupait depuis bientôt un mois. Elle observa la nuit tomber, se coucha pour la dernière fois dans les draps de soie – qui étaient désormais bleu foncé, comme lors de la première nuit – mais ne parvint pas à dormir. Elle entendit les animaux nocturnes hurler férocement, puis la première plainte de la worpa réveilla tous ceux qui dormaient encore. Prune se prépara, puis descendit dans la grande salle. Tout le monde était là, en tenue d’apparat, pour assister au départ. On n’attendait plus que la mi’ikiba.

Je me demande un truc, glissa Prune à la lugadaki, apparemment, quand on met « ba » derrière un mot, ça veut dire « ensemble », c’est ça ?

– Oui… répondit Avnilika.

– – Et donc, pourquoi le nom du roi finit-il par –ba alors qu’il est seul ?

C’est la fonction de roi qui veut cela : son vrai nom, c’est Oluki, mais depuis qu’il est roi on l’appelle Olukiba parce que le roi représente l’ensemble des Oluliens.

– D’accord…

– Bon, qu’est-ce qu’ils fabriquent encore, les autres pingouins, là ? ajouta la lugadaki, furieuse.

On attendit encore, et des murmures réprobateurs se firent entendre. Enfin, une porte rouge s’ouvrit, et deux guerrières arrivèrent en riant aux éclats, bientôt suivies de douze guerriers qui firent leur entrée de façon peu commune : l’un arriva en dansant, deux autres en se bousculant pour passer la porte avant l’autre, certains poussèrent des cris d’animaux en franchissant le seuil, tandis que les derniers entrèrent d’un pas nonchalant en parlant fort.

« C’est la pire mi’ikiba de tout Oluleï… » répéta Avnilika entre ses dents, consternée.

– Bah moi je les aime bien, lança Prune, enjouée ; ils ont l’ai d’être aussi fous que moi ! »

Le roi et la lugadaki tendirent le plan de route à Prune, donnèrent des provisions, un abri de jour, un abri de nuit et les dernières recommandations aux mi’ikih, puis la lourde porte d’obsidienne s’ouvrit sur la pénombre au moment où la worpa chantait pour la deuxième fois.

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