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La Fleur d'Ecume
7 avril 2008

chapitre 42 : dans la bulle

Chapitre 42 : Dans la bulle.

 

Prune écarquilla les yeux de surprise. Quand avait-elle bien pu réveiller Nami’ah, dont le nom signifiait « Celle qui est avec nous » et dont le rôle était de venger les Céruléens massacrés ? Quelle forme allait bien pouvoir revêtir la vengeance de Nami’ah ? Etait-ce déjà elle qui avait anéanti les cités de la fleur la première fois ?

« Alors, reprit Nami’ah, que décides-tu ?

Quoi ?

Déjà l’eau s’est levée devant Siudka, Toultsatchouk et Svendilka ; un mur se dresse devant Kourchéda, et à Koraïvlubpko les arbres se sont assemblés, sur le point de tout renverser. Il ne manque plus que toi : tu n’as qu’à te décider. Ce monde est-il fini ?

Non ! s’écria Prune. Non, pas encore… »

Un gigantesque mur d’eau cachait désormais le Soleil. La foule, tétanisée, s’exclamait : « par Sedna ! par Poséidon ! par … ». Tous avaient les yeux rivés sur Nami’ah et Prune.

« Combien de temps ai-je pour décider ? demanda Prune. Je ne sais pas quoi faire : je ne veux pas que le monde finisse, mais je veux me venger de Morgaéus et de sa clique !

Deux principes contradictoires, fit alors une voix douce et mystérieuse. Il est vrai que cet infâme individu mériterait de voir sa fin arriver, mais à quoi bon y mêler Nami’ah, car il n’y a plus rien à détruire à Morgaéusia.

Morgaéusia ?

Il a renommé Yiyor de ce son nom. Si Perle n’avait pas fait ce qu’elle a fait, un mur de feu se dresserait, jailli des volcans qui entourent la ville. Sept volcans, comme les sept dragons…

Mais, qui es-tu ?

On ne nomme Fata, Tyché, Soudba, Destiny, Soudyvva, Destinée… Tout dépend de l’endroit où je suis… J’accompagne toujours Nami’ah, et j’aide celui ou celle qui la réveille à prendre sa décision. Or, tu es indécise, ça se voit…

Mais comment me décider ?

Viens dans la bulle. Les autres ne doivent pas entendre les délibérations.

Non ! rugit Rizalé. Je prends sa place !

Non, Rizalé. J’y vais. »

Et, malgré les cris de protestation de tous, Nami’ah tendit la main à Prune et l’invita à rejoindre la bulle. La jeune fille eut à peine posé le pied dans la bulle ouverte que celle-ci se referma. Le monde semblait s’effacer autour d’elle ; tout semblait flou, comme si on avait regardé à travers du verre translucide. Seules Nami’ah et une minuscule jeune fille aux longs cheveux étaient nettes.

« Bienvenue dans la bulle de Nami’ah. Tant que ses quatre yeux ne sont pas ouverts, rien ne se passera. Je pense que tu as besoin de savoir certaines choses avant de te décider. Sache d’abord que quelle que soit ta décision, le pacte de

la Fleur

ne sera pas rompu.

Le pacte ?

Oui :

la Fleur

est une espèce de pacte, de contrat entre Humains, Céruléens, Héros et Fés, visant à créer et préserver l’entente, l’entraide et l’harmonie pour que règne la paix. Mais il y a eu certains problèmes…

Comme Morgaéus…

Voilà. Il se considérait comme supérieur à sa sœur, et, furieux de ne pas avoir été choisi comme signataire, il a voué une haine terrible aux Céruléens.

Pourquoi aux Céruléens ?

C’est la reine de Cérulées qui a choisi Fructidora. C’est aussi elle qui a réveillé Nami’ah la première fois. Elle s’appelait Corail. On la surnomma plus tard Corail

La Rouge

, puis Corail Rouge. Un prénom assez rare pour une anthropoulienne… à moins que son nom ne soit pas Corail, mais Koraï… Bref. Elle a dû réveiller Nami’ah suite aux massacres massifs de Céruléens par Morgaéus. Mais elle ne l’a pas fait exprès.

Je ne comprends pas…

Tu sais ce qu’est Nami’ah ?

Oui, l’esprit de tous les Céruléens massacrés, mais…

Lors des massacres organisés par Morgaéus, plus de 75 % des Céruléens ont été exterminés, Tératouliens comme Anthropouliens. Et, tout au fond de la mer, au plus profond de la plus profonde fosse abyssale, un être s’est constitué, petit à petit. Chaque meurtre le faisait grandir, le renforçait, mais le rendait de plus en plus triste. Et au bout d’un moment, la tristesse a fait place à la froideur, puis à la colère. Cet être, forgé de l’esprit de tous les Céruléens massacrés, fut surnommé Nami’ah, celle qui est avec nous. Nami’ah se développait dans un œuf multicolore, changeant comme la lumière de l’océan, de taille variable. Corail veillait sur elle, et moi aussi.

Toutefois, les Céruléens étaient divisés, chaque groupe regardant l’autre comme responsable de ce qui arrivait. Corail a dû faire face à de multiples contestations de la part des Tératouliens. Elle nomma donc son amie Tcharaku reine des Tératouliens, et son frère Skwalis roi des Anthropouliens. Puis elle vint défier Morgaéus. Un combat très intense et très long commença. Au bout du troisième jour, ni l’un ni l’autre n’avait cédé. Les insultes pleuvaient. Et Corail a prononcé des mots qui eurent un effet extraordinaire. Nami’ah avait grandi, et surgit de l’eau. Lentement, elle ouvrit ses quatre yeux. Et c’est là que le premier monde de

la Fleur

prit fin. Tous les humains habitant les cités de

la Fleur

furent évacués ou engloutis par des tonnes d’eau, de terre, de feuilles, de feu… Il ne restait plus que des ruines. Fés et héros se tapirent dans les ruines, attendant le moment où

la Fleur

serait reconstituée, autour d’un nouveau pacte. Nami’ah regagna son œuf et le fond de l’océan.

Comment Corail a-t-elle pronconcé ces fameux mots ?

Quand Fructidora a été assassinée, découpée en morceaux et jetée dans la mer, le cœur de

la Fleur

, Lymkvlatcha, a éclaté. Les morceaux se sont éparpillés, libérant des mots au pouvoir terrible. Ces mots se propagent dans l’onde, et parviennent aux oreilles de

la Princesse

de l’Océan quand sa haine et sa colère atteignent leur paroxysme. Voici une petite fresque, très ancienne, peinte au fond des abysses, qui montre l’éclatement de Lymkvlatcha, l’éparpillement des morceaux, les tentatives infructueuses de reconstitution du cœur de

la Fleur

, et enfin tous ces morceaux fixés et montés sur des bracelets, parmi d’autres symboles. Tous les petits bouts ont été récupérés : ce sont les pierres noires de ces bracelets imbriqués. »

Prune contempla attentivement la fresque peinte sur un gros rocher, image par image, et constata avec surprise que les bracelets représentés étaient…

« On dirait mes bracelets !

Ce sont les bracelets de

la Princesse

de l’Océan. Regarde le dessin sur ce morceau-là.

La Fleur

d’Ecume !

Eh oui ! C’est la preuve… Tous les morceaux de

la Fleur

d’Ecume ont été réunis, sans que te ne le saches, quand tu étais dissimulée à Reims. C’est pour ça que tu as pu prononcer les mots qui ont réveillé Nami’ah. Tu ne les connaissais certes pas, mais l’onde les a portés jusqu’à tes oreilles. Tu as donc réveillé Nami’ah, et là c’est à toi de décider quand les vagues scélérates, vagues d’eau, de terre, de feu, de feuilles, s’abattront.  Pour cela, voici une bague spéciale. Tu ne dois l’ôter sous aucun prétexte, ni même pour dormir, te laver ou plonger, car dès l’instant où tu auras quitté cette bague, ce monde prendra fin. Bonne chance ! »

La bulle s’estompa. Tout redevint clair. Nami’ah et Soudba disparurent.

« Allons chez Morgane », souffla Asavelg à Prune.

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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