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La Fleur d'Ecume
17 octobre 2007

chapitre 32 : le monde marin.

 

Chapitre 32: Le monde marin.

 

Rizalé avait tout prévu : un hippocampe géant les attendaient non loin de Malditta. Elle invita Prune à s’y asseoir, et les guida vers le royaume Céruléen. L’apparence de Prune avait automatiquement changé quand la jeune fille était entrée dans l’eau. L’onde faisait voler les boucles des cheveux de Prune, qui tournait sa tête de tout côté, demandant sans cesse « et ça, c’est quoi ? et eux, qui sont-ils ? ». Tvlyz, l’hippocampe, la renseignait sur les animaux, Rizalé sur les lieux.

Enfin, deux rochers en forme de tour se dressèrent :

la Porte

de Cyanéa. Les Céruléens venaient étancher leur curiosité : la princesse était revenue ! à quoi ressemblait-elle ? On disait qu’elle avait été élevée par des humains, sans jamais connaître le monde marin. On racontait qu’elle était fille de

la Terrible Perle

et d’un humain fils d’une femme dragon et d’un guerrier yiyoréen. On chuchotait qu’elle créait des volcans en éternuant, et qu’elle pouvait cracher du feu. On murmurait qu’elle avait réussi à tirer son frère du Fin Fond du Fin fond de l’Abîme, et qu’elle avait échappé à Morgaéus plusieurs fois. Une force se dégageait de cette silhouette portée par Tvlyz et guidée par Rizalé, force contenue pour le moment, mais qu’on sentait prête à éclater à tout moment. Le visage de la princesse avait quelque chose de touchant, une certaine tristesse transformée en rage masquée par un sourire triomphant.

Le Palais s’ouvrit, et des applaudissements nourris accueillirent Prune, Tvlyz et Rizalé. Sur leur trône, la reine Daurade Rose et le roi Samoa souriaient, émus. A leurs côtés, le Vieux de

la Mer

et

la Vieille

de l’Océan jouaient de la koungakhkeï : en surface, le vent devait souffler.

« Petite Bielouchka ! s’écria Daurade Rose. Approche donc !

C’est toi, Bielouchka, souffla Rizalé. »

Prune s’avança. Pour la première fois, elle voyait ses grands-parents Céruléens. Ce qui lui restait de famille avec sa tante Rizalé. Les années devaient passer beaucoup plus lentement au fond des mers : Daurade Rose et Samoa ne semblaient pas avoir plus de trente ans, bien qu’en réalité ils devaient en avoir soixante-dix.

« Sois la bienvenue chez toi, Bielouchka, reprit Daurade Rose.

Alors, Bielouchka est mon véritable nom ?

Juste un surnom : ton véritable nom a été scellé, précisa Samoa. Il serait dangereux pour toi de le connaître trop tôt. Mais pour le moment, donne-nous tes mains. »

Prune tendit ses mains à ses grands parents : elle se sentait à la fois si légère et si importante pour les Céruléens. Rizalé cria « ftklyi ! » et la fête commença. Ainsi présentée au monde marin, Prune-Bielouchka prenait conscience de son rôle. Elle entonna le chant qu’elle avait fait entendre à Kourchéda. Il résonnait autrement sous l’eau, beaucoup plus fort, beaucoup plus poignant. Tous les Céruléens le reprirent, et on racontera plus tard que ce chant fit trembler la masse de l’eau. Ensuite, on dansa, on chanta, on ria…

Au cours de la fête, Prune, légèrement étourdie par tout ce qui lui arrivait, s’assit dans un coin de la grande salle pour reprendre son souffle. Elle avait tant de questions à poser ! Le Vieux croquait des beignets de mer. Prune s’approcha.

« Je voudrais savoir quelques petites choses.

Oui ?

J’ai entendu parler de Tératouliens et d’Anthropouliens. J’imagine que ça vient du grec, teratoV et anqrwpoV, mais…

Tous sont Céruléens. Les Tératouliens ont une apparence plus…monstrueuse selon les humains. Et ils naissent dans des œufs, tandis que les Anthropouliens naissent à la manière humaine et ressemblent à des humains. Les Tératouliens peuvent cacher leur apparence quand ils se promènent sur la terre ferme. Mais attention aux encoches paralysantes ! Si un humain dessine deux encoches invisibles sur le poignet d’un Tératoulien, il ne pourra pas prendre sa véritable apparence avant qu’un journée ne se soit écoulée, à moins de retourner dans l’eau. On dit que les Tératouliens sont plus forts car ils peuvent contrôler l’eau, ce que ne peuvent pas faire les Anthropouliens. Mais on dit aussi que les Anthropouliens sont plus forts, car ils peuvent se changer en statue indestructible en cas de danger et ainsi échapper à la mort tout en accumulant une énergie incroyable qui leur donne force et rapidité. Ils sont aussi forts les uns que les autres, et devraient s’allier plutôt que de s’affronter. Par exemple, Daurade Rose est Tératoulienne, mais Samoa est Anthropoulien.

Et les enfants ? ils naissent comment, dans ces cas-là ?

Tout dépend de la mère : si la mère est Tératoulienne, les enfants naissent à la manière tératoulienne et sont Tératouliens ; si la mère est Anthropoulienne, les enfants naissent à la manière anthropoulienne et sont Anthropouliens. C’est le même princnipe en cas de métissage avec des humains.

Donc, je suis Tératoulienne, car Daurade Rose est Tératoulienne et donc Perle aussi…

Tu as tout compris.

Et autre chose, maintenant : pourquoi mon véritable nom a-t-il été scellé ?

Je ne connais pas la réponse à cette question. Va plutôt demander à

la Vieille.

»

Prune trouva

la Vieille

adossée à un mur de corail.

« Je voudrais savoir quelques petites choses, s’enquit Prune.

Oui ?

Pourquoi mon véritable nom a-t-il été scellé ?

Ta naissance a été très mouvementée, tu sais… Le rôle de Perle, l’aînée des princesses de l’Océan, est de venger les Céruléens victimes. Tu n’étais pas encore sortie de ton œuf lorsqu’elle a dû détruire l’horrible ville située sur les ruines de l’ancienne Yiyor. Elle t’a confiée à l’héroïne de Siudka, Adtihova, puis est partie faire ce qu’elle devait.

Quel est le prénom d’Adtihova ?

Personne ne l’a jamais su.

Et qu’est-il arrivé après ?

Adtihova n’a plus reparu depuis. Perle avait écrit des directives, qui ont toutes été respectées. Une prophétie très ancienne racontait que lorsque la fille de la vengeuse, descendante des dragons, connaîtrait en entier son véritable nom, elle deviendrait aussi puissante qu’une vague scélérate, mais également aussi fragile que le dauphin blanc. Le nom du dauphin blanc devint ton surnom, Bielouchka. Ton véritable nom a été écrit sur la coquille de ton œuf, comme le veut la coutume tératoulienne.

Elle a été gardée, cette coquille ?

Bien sûr, comme toutes les coquilles.

Elle est où ?

Dans la pièce interdite, évidemment. Personne ne peut y entrer.

Et le rapport avec Adtihova ?

L’héroïne de Siudka a écrit dans plusieurs écritures différentes ton véritable nom, comme le lui avait demandé Perle. Elle a scellé la pierre où elle avait écrit ton nom sous une autre pierre située sous la colonne de Malditta que tu connais bien pour en avoir rompu le sceau.

Mais il y en a combien, des sceaux ?! C’est une manie céruléenne, ou quoi ?!

Il n’y a que deux sceaux : un sur ton nom, et un autre sur ton apparence. La fameuse prophétie disait aussi que tu ne pouvais pas grandir dans le monde marin, car tu devais connaître le monde humain comme une des leurs. Mais que serait-il arrivé si, dès qu’un de tes orteils dans l’eau, tu t’étais transformée, devant tout le monde ? Il fallait donc aussi sceller ta véritable apparence. Adtihova a placé le sceau, puis a déposé ton œuf sur l’île. Elle a attendu qu’un humain passe et te voie, puis elle est partie personne ne sait où.

D’accord… Mais que s’est-il passé à Yiyor ? Enfin, à l’horrible ville, comme tu dis, placée sur les ruines de l’ancienne Yiyor ?

Personne ne veut parler de cela.

Pourquoi ?

C’est trop douloureux, même encore, après toutes ces années.

Mais que s’est-il passé ?

Nous ne savons pas, intervint alors Rizalé, sombre. Tout a été inscrit dans le Grand Livre Noir avant d’être effacé de nos têtes.

Mais moi, je veux savoir ! Il est où, ce livre ?

De toute manière, tu ne pourrais pas l’ouvrir. La clé en a été volée. C’était moi qui devait la garder, mais un jour je me suis promenée en douce à Siudka, pour voir comment tu vivais et quand tu serais prête. On m’a volé la clé à ce moment là.

Shádi…murmura Prune.

Mais le voleur, reprit Rizalé, le paiera cher. On ne dérobe pas

la Clé

du Trident impunément.

Même s’il te la rend ? demanda Prune, inquiète.

Tu connais le voleur ?

Oui. C’est un de mes amis. Il était à la mairie… Et il est ici, souffla Prune. »

Rizalé se retourna. Tchileï et Aruvah Tuhra venaient d’arriver avec Shádi, dont tout un côté était recouvert d’écailles. Il respirait difficilement ; ses yeux étaient cernés. Il portait

la Clé

du Trident autour de son cou.

 

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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