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La Fleur d'Ecume
24 septembre 2007

chapitre 28 : le corail de cristal

Chapitre 28 : Le corail de cristal.

 

Elle n’avait prévenu personne. Gaara et Saga avaient été renvoyés d’où il venaient, dans leurs histoires respectives. Puis elle s’était rendue au Bar des Labordage, où elle avait retrouvé Shádi. Ce dernier allait beaucoup mieux, malgré une petite tache bizarre en forme d’écaille de poisson sur sa main droite. Prune avait décidé de se rendre à Malditta avec lui, mais sans lui dire pourquoi. Et là, ils cheminaient tous les deux dans les rochers en direction de l’île maudite, qui se dressait plus noire que jamais sur le soleil couchant.

 

Les vagues se brisaient calmement sur la pointe nord de l’île. Le vent ne s’était pas encore levé, mais l’endroit paraissait glacé. Prune ôta les vêtements qu’elle avait mis par-dessus son shorty, posa ses pieds tous près du bord, et plongea. Aussitôt dans l’eau, son corps prit sa véritable apparence ; elle respirait sous l’eau, et ondulait toujours plus profond, ses yeux comme des projecteurs, guettant la moindre trace de Pogdulia. Des bulles sortaient des rochers et remontaient lentement à la surface. Au bout d’un moment, elle s’engouffra dans un recoin, qui s’enfonçait à la base de l’île, où les bulles étaient plus nombreuses et plus grosses. Rêve ou réalité ? Elle ne savait plus… C’était exactement comme dans son rêve : la grotte aux fresques, deux chemins différents, l’un éclairé, l’autre sombre… Elle s’approcha pou voir si les dessins étaient t les mêmes. C’était un peu différent : il y avait la Fleur et les anciennes cités, les héros en tenue d’apparat et en tenue de combat, les fées et fés… Sur une des parois était représentée l’histoire de la « fin du monde », quand toutes les cités avaient été détruites en même temps, il y avait de cela au moins mille ans. Puis venait la reconstruction progressive des cités, les unes après les autres. Siudka avait été la dernière : on voyait très bien les Pirates et l’étrange figure de proue de la Flor de Espuma. Prune fut stupéfaite de sa ressemblance avec Adtihova : se pouvait-il que cette figure de proue représentât Adtihova ? Elle poursuivit son exploration : la famille royale Céruléenne : le roi, la reine, et les deux princesses, dont l’aînée était Perle de Lune. Et à côté, Fructidora, Lolim, et Tamashuk-Thomas. Mais un dessin l’horrifia : Tamashuk aux côtés de Morgaéus !!! Elle ne pouvait y croire. Que faisait-il avec l’imposteur qui avait tué ses parents ? Une vieille murène ondula au même moment, sortant Prune de sa stupeur. Elle se dirigeait vers l’endroit où la fresque se sépare en deux. Prune la suivit, et se vit représentée, elle aussi, sur le mur, sous ses deux apparences. Une inscription en okéani indiquait « Lave et onde, flots et flammes, le moment est bientôt venu où la fleur d’Ecume sera de nouveau active. ». Puis un meurtre, le sien. Ensuite, une fête à Siudka. Prune ne put réprimer la vague de colère qui la submergea. Elle n’avait plus qu’une envie : détruire Siudka et tous ses habitants, à part ses amis, mais étaient-ils encore ses amis depuis qu’ils connaissaient sa véritable apparence ? Elle n’était plus sure de rien. Elle voulait remonter, se venger du meurtre qui n’avait pas encore eu lieu. Un violent coup de bras la propulsa hors de la cavité. Quelque chose de brillant, qu’elle n’avait pas vu à cause des bulles, attira son attention : c’était rouge et transparent, c’était bleu et chaud, jaune et froid, c’était vert, violet, rose, orange. Pogdulia, le corail de cristal, scintillait à l’entrée de la grotte. Prune le cueillit sans mal, et revint à la surface. Sa colère s’apaisa lorsqu’elle vit le visage de Shádi. Elle grimpa sur la terre ferme, et tendit le corail de cristal à Shádi. Elle avait trouvé l’entrée du Fin Fond du Fin Fond de l’Abîme, et sentait que le chemin sombre devait y mener. Cependant, dès l’instant où Shádi prit Pogdulia, des colonnes de lave et d’eau s’élevèrent de Malditta et les pieds de Prune commencèrent à se pétrifier. D’une hauteur impressionnante, les colonnes menaçaient Siudka. La colère de Prune s’était-elle matérialisée ? Le jeune fille avait un mauvais pressentiment. Et pourquoi se pétrifiait-elle ainsi ? Allait-elle se retrouver, elle aussi, au Fin Fond du Fin Fond de l’Abîme ? Son regard inquiet croisa celui de Shádi, qui serrait contre lui le corail de cristal.

 

« Trouve les autres, dis-leur de quitter la ville, et suis-les ! » cria Prune.

 

- Non, je resterai là, je ne t’abandonnerai pas ! répliqua Shádi.

 

- Mais tout va être détr… »

 

Elle ne put achever sa phrase, car sa tête s’était elle aussi pétrifiée. Shádi ne savait plus que faire. Il portait son regard vers Prune statufiée, sur le large, sur la côte siudanienne… Quelqu’un approchait. Il dégaina son sabre : personne ne ferait du mal à Prune !

 

« Range ton arme, Shádi, dit la nouvelle arrivante. Je suis Morgane, et je vais t’expliquer.

 

- Qui me prouve que tu es réellement Morgane ? L’imposteur est habitué à commettre des crimes sous cet aspect.

 

- L’imposteur ne connaît pas les langues celtiques, il n’a jamais vu les lueurs rougeoyantes du Fin Fond du Fin Fond de l’Abîme, il n’a jamais rencontré le Vieux et la Vieille de la Mer, il déteste les Céruléens, et il ne peut mettre le pied sur Malditta en raison d’une puissante magie qu’il ne peut comprendre. Ça te va ? »

 

Shádi hocha la tête. La Fée sourit.

 

« Tout va bien, lui dit-elle, et tant que le cœur de Prune continuera de battre tout ira bien, mais dès que le cœur sera lui aussi pétrifié, les gigantesques colonnes d’eau et de lave déferleront sur Siudka. Ce sera quand le médaillon se détachera.

 

Mais pourquoi tout ça ? Il y a un moyen d’empêcher Prune de mourir ?

 

Elle a son destin entre ses mains : se rendre au Fin Fond du Fin Fond de l’Abîme, et remonter avec son frère, avant qu’une heure ne s’écoule. Sinon, malheureusement…

 

Il n’y a pas d’autre moyen moins dangereux ?

 

C’est le prix à payer pour ne pas s’y trouver enfermé. C’était la seule solution. Il n’y a plus qu’à attendre. Reste ici, et continue à la protéger. Je vais lui expliquer. »

 

Morgane s’enfonça dans le plancher.

 

De son côté, Prune avait senti le sol se dérober sous ses pieds. Elle leva les yeux pour contempler un spectacle effroyable : sa statue creuse, dans laquelle palpitait son cœur ! Elle porta aussitôt la main à sa poitrine : aucun battement ne se faisait sentir. Elle paniqua, mais l’apparition de Morgane la rassura.

 

« Tout va bien lui dit la Fée, tout est normal : tu as une heure pour trouver Aruvah et remonter ici.

 

- Et sinon ?

 

- La ville sera détruite.

 

- Tant mieux ! Je n’ai pas à me dépêcher pour sauver une ville qui se réjouira de mon assassinat !

 

- Prune, ce que tu as pu voir sur les murs de la grotte n’a rien à voir avec toi. Ton meurtre n’aura pas lieu si tu parviens à tirer Aruvah du fin fond du fin fond de l’abîme à temps, et la fête à Siudka sera en l’honneur du vrai Aruvah, ton frère, pas de l’imposteur. Oh, et autre chose : si tu n’es pas revenue dans une heure, tu mourras… »

 

Cette perspective ne plut guère à Prune. Elle devait se dépêcher, mais une question encore lui pesait.

 

« Que faisais donc mon père avec Morgaéus l’infâme ?

 

- C’était son prisonnier, répondit la Fée, mais nous n’avons pas le temps d’en parler maintenant. Fais vite, Prune : le chemin vers le fin fond du fin fond de l’abîme est celui que tu as vu, le chemin sombre : tu débouchera sur grotte, qui débouchera sur une grotte plus profonde, qui débouchera sur une autre grotte encore plus profonde, et ainsi de suite. Va ! »

 

 

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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