Chapitre 7 : Les Toultsatchouvki

Deuxième partie

Chapitre 7 : Les Toultsatchouvki

Tandis que les enfants montaient dans la salle de jeux, Prune s’accouda au bar, pensive, et commanda une spéciale. Le père Labordage la servit, les yeux rivés sur une très belle femme qui était assise près de la porte, entourée de tout un groupe de gens que Prune n’avait encore jamais vu.

« C’est qui ? s’enquit Prune.

_ Des Russes. Ils viennent de Toultsatchouk ; c’est une ville comme Siudka, entourée de grandes brumes…Qu’est ce qu’elle est belle, celle du milieu ! »

Prune observa cette femme. Elle avait un rayonnement particulier par rapport aux autres, le même type de rayonnement que Morgane ? C’était une fée, à coup sûr, une Vyla.

Un vieux marin, qui passait ses journées au bar, s’approcha.

« C’est terrible, ce qui leur arrive, terrible. Ou plutôt ce qui leur est arrivé, quoique…

_ Et c’est quoi ?

_ Il y a 20 ans, Toultsatchouk a été détruite, complètement, par la Terrible Princesse. Depuis, la ville a été reconstruite, mais ce n’est plus pareil…

_ C’est qui, la Terrible Princesse ?

_ D’un seul regard, elle glace le sang du plus courageux de tous les téméraires…(il leva les yeux sur Prune, et les écarquilla soudainement)…Un peu comme vous, mademoiselle. »

Prune avait déjà remarqué cette chose étrange : elle s’était souvent bagarrée quand elle était petite, et d’un seul coup les autres avaient écarquillé les yeux et s’était cachés, et la bagarre avait pris fin. Mais jusqu’à présent, elle ne s’était jamais demandé pourquoi.

_ Извините, fit une petite voix timide. Une petite jeune fille, d’environ quatorze ans s’était approchée de Prune. Оленахотет, чтобыты, Пруна, пришла с нами.

Surprise, Prune se leva et suivit la Toultsatchouvka vers les autres Toultsatchouvki. Olena devait être cette femme du milieu, la fée.

_ Кактебязовут ? demanda Prune.

_ Светлана, répondit la jeune fille.

La fée se leva pour accueillir Prune, et l’invita à s’asseoir. La petite Svetlana s’assit à côté d’elle. Les Toultsatchouvki la regardaient fixement, certains étaient inquiets.

_ Je suis Olena, dit alors la fée, assez fort pour que tous les gens dans le bar puisse l’entendre, et voici les Toultsatchouvki. Nous sollicitons l’aide de Siudka et de sa fée, Morgane, pour libérer Toultsatchouk du tyran qui s’en est emparé. La guerre civile fait rage depuis vingt ans, depuis qu’il a détruit Toultsatchouk. Tout le monde le craint, mais on peut le vaincre. Et toi, Prune, plus que tout le monde.

_ Mais…ce n’est pas la Terrible Princesse qui a détruit Toultsatchouk ? s’étonna Prune.

_ C’est ce que tout le monde croit, lui répondit Olena à l’oreille, mais ce n’est pas vrai. Cependant la vérité ne peut pas être révélée maintenant.

_ Et pourquoi moi plus que tout le monde ?

_ Prune, conduis-moi vers la demeure de Morgane. Nous ne nous apprécions pas vraiment, j’ai même le regret de devoir lui demander son aide, mais je ne peux faire autrement. Elle doit nous aider, pour le bien de Toultsatchouk, Siudka et les quatre autres villes des brumes. »

            Plus personne ne souffla mot dans le bar. Tous admiraient la fée Olena, suivaient des yeux ses mouvements d’une douceur aquatique, ses yeux flamboyants. Prune se leva, l’invita à la suivre dans l’arrière-salle, là où on pouvait passer pour aller au château de Morgane. Elles s’assoiraient sur des petits coussins violets, fermeraient les yeux, et se retrouveraient dans le jardin du château.