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La Fleur d'Ecume
7 octobre 2006

chapitre 2 : Ker Anna

Chapitre 2 : Ker Anna.

 

Personne ne les avait suivies. Lida-Lluba-Romica parut plutôt soulagée d’arriver, davantage à cause de la conduite brutale de Prune que de la peur qu’elle éprouvait à l’idée d’être rattrapée par les zombies.

Une maison blanche, au toit de chaume, se dressait dans un petit jardin , au milieu de grands hortensias roses et bleus. Prune et Lida-Lluba-Romica se dirigeaient vers la porte d’entrée, quand elles se figèrent sur place : la voiture rouge se tenait là, aux côtés d’une imposante rolls noire. « Oh, non ! s’écria Lida-Lluba-Romica. Il est là ! Aruvah ! »

Mais Prune se ressaisit : l’entrée n’était pas la seule porte de cette maison. On pouvait passer par derrière ; il y avait une petite porte qui donnait sur une chambre, juste derrière la maison. C’était par là qu'il fallait entrer.

Les autres n’avaient absolument rien vu, bien trop occupés à faciliter les choses pour leur maître, Aruvah Tuhra. Les habitants de la maison, tremblants, avaient conduit tout le monde dans la salle à manger, et apportaient maintenant la nourriture qu’ils auraient dû donner à Prune. Pendant ce temps, la voie était libre pour les deux jeunes filles.

Prune entra dans la grande maison, par la petite porte de derrière, Lida-Lluba-Romica sur ses talons. Prudemment, elles avancèrent dans le couloir. Rien. C’était bon. Mais tout-à-coup, une porte à l’autre bout du couloir à droite s’ouvrit brutalement, et un homme vêtu bizarrement et couvert d’espèces de dentelles, encadré de deux jeunes filles qui gardaient leurs yeux baissés. Une main vigoureuse attrappa Lida-Lluba-Romica et la tira en arrière. Prune allait s’avancer vers l’homme aux dentelles, quand la même main la saisit par le bras, et l’entraîna dans la même chambre que Lida-Lluba-Romica. C’était quelqu’un que Prune connaissait bien, une femme assez forte, patronne du Bar des Pirates à Siudka, que tout le monde appelait « la mère Labordage ».

_ Mais tu es folle de te balader ici sous le nez d’Aruvah Tuhra ! tonna t’elle. Ce n’est pas prudent !

_ Mais c’est qui, cet Aruvah ? On dirait qu’il n’y que moi qui ne sache pas ce qui se passe, alors qu’il a l’air de me chercher ! Quelqu’un va me dire enfin ce que signifie tout ça ?

_ On ne peut pas, rugit la mère Labordage, on ne sait pas non plus. Tout ce que je sais, c’est ce que j’ai entendu dans la salle à manger. Personne ne se méfie de moi, et je peux aller partout, du moment que j’apporte de la Spéciale ! Bon, trêve de rigolade : Lida-Lluba-Romica, tu viens avec moi, on te cachera quelque part. Toi, Prune, retourne à Siudka au plus vite, et planque-toi chez Muriel.

Prune n’écoutais que d’une oreille. Ses yeux embrassaient la pièce, ses murs bleu-pâle et blanc-argenté, ses deux lits, son armoire gigantesque, sa porte-fenêtre, sa coiffeuse, qui renvoyait à Prune son visage perplexe. Elle avait déjà vu ce visage quelque part, elle en était sûre ! Soudain, sans prévenir, elle se mit à crier en sautillant devant le miroir : « Ia priskovlou on, ia priskovlou on, ia priskovlou on !!! »

_ Chuuuuuuuut !!!!!!!!!!!!!! firent ensemble la mère Labordage et Lida-Lluba-Romica.

_ Mais je le connais ! Je le connais, j’en suis sûre !!!

_ D’accord, mais en criant comme ça, tu vas attirer l’attention d’Aruvah jusqu’ici !

_ Mais non, mais non !

Et Prune se risqua dans le couloir : personne, rien à signaler, la chambre bleue et jaune d’en face était elle aussi déserte. Prune se retourna vers la mère Labordage, avec un petit air du style « tu vois, j’avais raison », mais quand ses yeux se posèrent de nouveau sur la chambre bleue et jaune, quelle stupeur ! Les meubles avaient disparu. Un coup d’Aruvah ? La mère Labordage bouscula Prune, et laissa échapper un juron en constatant les dégâts. Prune interrogea du regard Lida-Lluba-Romica. C’était une démonstration du pouvoir d’Aruvah, avec son style « crescendo ». Il allait certainement faire autre chose. Prune ricana : si c’était ça, ce dont cet Aruvah était capable, elle n’avait rien à craindre ! Mais un autre juron de la mère Labordage retentit ; la moquette venait de disparaître, laissant place à un plancher en ciment. La dame de la maison passa au même moment dans le couloir, et constata, effarée, la disparition du plancher qui venait de se produire, pour laisser place à un champ labouré relativement humide. C’était sûr, c’était un avertissement… Comment faire, maintenant ? La dame appela son mari. Lorsque celui-ci arriva, la situation avait empiré : la chambre avait totalement disparu, et se tenait maintenant une côte de bord de mer, et la mer elle-même.

Roches d’ocres et vagues indigo avaient toujours un effet étrange sur Prune. Dès qu’elle les voyait, elle se sentait étrangement attirée vers elles, bizarrement invincible, tout danger, toute angoisse disparaissait…

Tandis que la mère Labordage entraînait les habitants de la maison et Lida-Lluba-Romica vers la porte-fenêtre de l’autre chambre, Aruvah Tuhra et ses sbires s’approchaient de Prune dangereusement. Elle était cernée !

_ Rejoins-moi, Prune, tonna Aruvah. Tu ne peux pas t’enfuir, tu n’as pas le choix !

_ Ah tu crois ça ? répliqua la jeune fille. Eh bien, détrompe-toi !

Et Prune, sans hésiter, plongea dans la mer.

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Commentaires
La Fleur d'Ecume
  • La Fleur d'Ecume va vous entraîner dans les méandres de mon cerveau : en effet, tout ce que vous allez lire, c'est un rêve que je fais (l'histoire est donc parfois étonnante !) Parés à plonger ? C'est parti !
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